Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a organisé hier une journée d'information sur le tarif de référence pour le remboursement des médicaments à laquelle ont pris part des représentants d'associations de malades, des opérateurs en pharmacie, le conseil de l'ordre des médecins et le syndicat des pharmaciens d'officine. Une occasion pour Tayeb Louh de présenter les réformes réalisées à ce jour dans son secteur à travers une projection d'un documentaire. Satisfait et fier de sa politique en énumérant les mesures prises pour « améliorer la qualité des prestations et la modernisation » des organismes de sécurité sociale. Cette dernière a besoin aujourd'hui de « préserver ses équilibres financiers et la maîtrise des dépenses du médicament qui constitue le premier poste en termes de montants et de taux d'évolution depuis quelques années ». Selon le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, en 2008, les tendances s'accélèrent puisque au 1er semestre 2008, la dépense de remboursement du médicament est de plus de 37 milliards de dinars pour la Cnas et de plus de 2,5 milliards de dinars pour la Casnos. L'instauration du tarif de référence pour le remboursement des médicaments, longtemps revendiquée et soutenue par les professionnels, a été au centre de cette journée d'information sans débat. Il est catégorique. « Tous les médicaments répondant aux conditions requises seront soumis désormais au tarif de référence », a-t-il martelé. « La récréation est terminée depuis longtemps », a-t-il ajouté en soulignant qu'« il n'y a pas de chasse gardée en Algérie. Les intérêts du pays passent avant tout ». Le ministre a estimé qu'il est « inacceptable que des pays développés encouragent l'application du tarif de référence, alors qu'en Algérie, il y a eu une levée de boucliers ». « Il s'agit d'une décision politique », a-t-il affirmé, soulignant que le chef de l'Etat a instruit le gouvernement à encourager le recours au médicament générique et, par conséquent, la préservation du système de la sécurité sociale en Algérie. Il a déclaré que des « mesures incitatives ont été initiées au profit des professionnels activant dans le secteur, en premier lieu les pharmaciens » et de préciser que « la convention liant le Syndicat national des pharmaciens d'officine avec la sécurité sociale a pour but de revoir à la hausse la marge bénéficiaire ». Dans ce sens, M. Louh a également affirmé que le projet de convention avec le médecin traitant sera lancé à Annaba, comme wilaya pilote et il sera généralisé progressivement à toutes les wilayas. Il a annoncé que des décisions « importantes » seront prises dans les prochaines semaines pour encourager les investissements étrangers ou nationaux à même de « créer des postes d'emploi, d'autant plus que l'Algérie offre des conditions meilleures dans le domaine de l'investissement ». De son côté, le directeur général de la sécurité sociale au ministère, M. Bourkaïb, a axé son intervention sur le processus qui a conduit à l'instauration du tarif de référence et sa nécessité de promouvoir le générique. Les participants ont regretté que l'information n'a été que dans un seul sens, sans pouvoir poser les problèmes vécus sur le terrain. Les associations de malades qui souhaitaient un débat pour poser leurs problèmes sont reparties en restant sur leur faim. La représentante de l'association des asthmatiques, Fifi Hadi, qui s'est approchée de nous n'a pas manqué d'exprimer ses inquiétudes face à ces nouveaux tarifs de référence appliqués pour les nouveaux malades. « On ne peut pas imposer un traitement à un malade parce qu'il coûte moins cher surtout lorsque ce produit a plus d'effets secondaires. Nous souhaitons un vrai débat sur toutes ces questions et non pas des discours », a-t-elle souligné. Pour le secrétaire général de l'UNOP, Nabil Melah, « le meilleur défenseur du tarif de référence, que nous soutenons, est celui qui signale les erreurs contenues dans cette nouvelle liste de médicaments sur laquelle l'UNOP a émis des réserves. Nous espérons qu' il y aura une prise de conscience pour rectifier ces erreurs d'autant que ce sont les assurés sociaux qui seront confrontés à d'énormes difficultés. Celles de payer leurs médicaments de leur poche. Je pense au tarif de référence par classe thérapeutique », a-t-il signalé en regrettant que des mesures soient prises à l'égard de l'industrie pharmaceutique sans que les premiers concernés soient informés.