L'affaire FAF-RCK a pris une autre tournure après l'entrée en jeu de la FIFA qui, en date du 14 octobre 2008, a demandé à la FAF de lui « fournir des explications au sujet de la non-application de la décision du tribunal arbitral du sport de Lausanne (TAS) ». Pour rappel, le TAS de Lausanne a ordonné à cinq reprises (20 et 24 août, 4 et 29 septembre et enfin le 4 octobre 2008) à la FAF « d'intégrer le RC Kouba en première division, comme club supplémentaire, au titre de la saison 2008-2009 ». Malgré tout cela, la FAF a fait la sourde oreille en optant pour le pourrissement de la situation, qui consiste à trouver des faux-fuyants pour ne pas exécuter la sentence. La stratégie du président Hamid Haddadj et des membres qui siègent au bureau fédéral est claire depuis le début de cette affaire. Laisser faire en grignotant des journées de championnat pour ensuite placer le RCK devant le fait accompli. Dès le départ, ils ont choisi cette voie. Retarder au maximum la mise en œuvre de la décision « exécutoire » du TAS de Lausanne faisait partie des plans de Haddadj et de ses collègues du bureau fédéral. Le RC Kouba, conscient du défi que lui a lancé la FAF, n'a pas reculé pour obtenir ses droits. L'intervention de la FIFA, le 14 octobre, est une victoire pour lui et le début de la fin du bureau fédéral. En violant les articles 7, 13, 60, 61, 62 des statuts de la FIFA, le bureau fédéral a mis en danger le football algérien. Le bureau fédéral est pris à son propre jeu. Pour justifier son incompréhensible position vis-à-vis du RCK, il argue qu'il ne fait que défendre l'intérêt du football algérien. Les membres du bureau et le président seraient bien inspirés d'expliquer à l'opinion comment ils défendent et protègent le football algérien. Bien au contraire, ils l'exposent aux pires dangers qui puissent exister, à savoir les sanctions telles que prévues dans les statuts et le code disciplinaire de la FIFA, qu'ils violent depuis le début de cette affaire. Ont-ils un jour pris connaissance de l'article 2 des statuts de la FIFA, à travers lequel l'instance internationale exige de tous ses membres qu'ils veillent au respect des règles énoncées ? L'article 3 des mêmes statuts réclame « d'éviter toute discrimination sous peine de sanction ». La FAF ne fait-elle pas de la discrimination en refusant d'appliquer la décision du TAS de Lausanne, alors qu'elle s'est exécutée l'an dernier lorsque le TAS algérien lui a ordonné de rétablir Bou Saâda dans ses droits ? N'est-ce pas là une violation flagrante d'un principe sacré de la charte olympique ? Le président de la FAF fait une bien curieuse lecture du code d'arbitrage du TAS et plus particulièrement de l'article R 59, qui indique que « la sentence est exécutoire à partir de sa communication et qu'elle est sans recours ». Sa revendication au sujet des « motivations de la sentence » n'y changera rien. Ni au problème ni à la situation. Il lui est demandé d'appliquer la sentence (décision). Les motivations, il ne pourra rien faire avec. Il table toujours sur cet argument pour « justifier » la non-exécution de la décision qu'il reconnaît qu'elle est exécutoire, mais qu'il déclare « non exécutable ». Une expression qui renseigne parfaitement sur ses intentions. Au sujet des motivations, non-communiquées par le TAS et que la FAF présente comme argument pour justifier la non-exécution de la décision du TAS de Lausanne, il est utile de préciser qu'elle (la FAF) n'a pas besoin obligatoirement de ces attendus pour rétablir le RCK dans ses droits. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils sont connus de facto à partir du moment où la FAF a bénéficié du droit d'être entendue par par la commission devant laquelle elle a présenté ses motivations et pris connaissance, en même temps, de celles du RC Kouba. Plus encore. Le président de la FAF a déclaré dans les colonnes de Compétition que « l'affaire était tellement délicate que le TAS a eu besoin de trois jours pour la traiter ». Faux ! Les deux parties (FAF-RCK) ont été auditionnées le vendredi 26 septembre et chacune a présenté ses arguments. Les 27 et 28 septembre sont le week-end (samedi-dimanche) universel. Les membres de la commission ont levé la séance du 26 septembre en fin de journée et sont rentrés chez eux. Le premier jour ouvrable de la semaine (lundi 29 septembre 2008), le TAS de Lausanne a publié la sentence. Donc le délai pour rendre le verdict final n'a pas dépassé une journée. Dans les textes du TAS, il est écrit que le délai pour rendre une sentence est de quatre mois au moins. Le TAS a eu besoin de la moitié de ce temps pour se prononcer en prenant en considération toutes les contraintes liées au calendrier et cela pour annihiler toutes les velléités de la FAF qui a tenté « d'exploiter » ce « tuyau » pour bloquer le processus de mise en application de la décision du TAS de Lausanne. Hamid Haddadj est revenu à la charge hier, lors de l'émission « football magazine » de la Chaîne III. A une question de notre confrère Maâmar Djebour qui lui demandait quelle solution de sortie de crise il préconise, son invité a répondu : « Il faut réunir toutes les parties concernées par ce problème, c'est-à-dire le RCK, l'USMH et les présidents des clubs pour trouver ensemble la solution la moins contraignante. » Cette fois, le bouchon est poussé trop loin. A quel titre l'USMH est-il partie prenante dans cette affaire ? Le TAS de Lausanne a consacré son accession en nationale Une dans sa décision du 20 août dernier, lorsqu'il ordonne « d'intégrer le RCK en division Une comme club supplémentaire à partir de la prochaine journée ». Que cherche-t-il en remettant en selle l'USMH ? A faire peur et provoquer des troubles à l'ordre public ? C'est sa stratégie pour ne pas suivre ce que préconise le TAS. Si à l'époque, il avait exécuté la sentence du TAS, le championnat, qui était à sa seconde journée, il n'aurait pas eu à faire de la gymnastique pour établir un nouveau calendrier. Il dit que s'il intégrait le RCK en division Une, de nombreux présidents de club ne l'accepteraient pas. Faux ! La (bonne) solution lui a été proposée par un membre du bureau fédéral. Elle s'articulait sur le principe suivant : la phase aller se poursuit normalement et le RCK commencera à épuiser ses matches retard en jouant le lundi. Cette option, si elle avait été retenue, n'aurait pas eu de conséquences néfastes sur les clubs puisqu'ils affronteront le RCK à tour de rôle. Un match de plus étalé sur toute la phase aller ne ruinerait pas la condition physique des clubs. Donc c'est une mauvaise excuse. Aujourd'hui, c'est bien Haddadj qui met en danger les clubs algériens. La FIFA ne prendra pas de gants pour le sanctionner, lui, en tant que personne physique, et la fédération en tant que personne morale pour « violation de ses obligations de membre ». L'article 62 des statuts de la FIFA est édifiant sur la question. Haddadj et son bureau fédéral exposent donc le football algérien aux représailles de la FIFA. Dans les couloirs de la FIFA, il se dit que le comité exécutif qui se réunira dans les prochains jours (22 et 23 octobre) se penchera sur cette affaire et prononcera les sanctions prévues par les textes. Une autre source proche du dossier souligne que « toutes les décisions du TAS de Lausanne atterrissent sur le bureau de la FIFA ». En fait, la FAF n'a ni confirmé ni infirmé l'arrivée de la correspondance de la FIFA dont a fait état El Watan dans son édition de jeudi dernier. Il serait bon que la FAF s'exprime sur le sujet.