Ce week-end, neuf membres des familles de harraga disparus il y a plus d'une semaine en tentant de rejoindre les côtes italiennes ont été présentés devant le procureur près le tribunal de Annaba. Ils devaient s'expliquer sur leur mouvement de protestation observé en fin de journée, mardi dernier, devant le consulat général de Tunisie. Bien que ce rassemblement ait été pacifique, les diplomates tunisiens ont quand même fait intervenir la force publique pour disperser les protestataires. Ces derniers attendaient tout simplement des informations sur le sort de leurs enfants qui auraient été appréhendés par la marine tunisienne, lorsque les trois embarcations à bord desquelles ils avaient pris place ont été interceptées par les garde-côtes de ce pays. Arrivés sur les lieux, les services de sécurité ont procédé à l'arrestation d'une trentaine de personnes qu'ils ont conduites au commissariat du 3e arrondissement. C'est à la suite de la mêlée générale entre policiers et proches des personnes arrêtées qui s'en est suivie que neuf d'entre elles ont été conduites au commissariat central où elles ont passé la nuit. Quelques heures auparavant, à 4h du matin de la même journée, les éléments du groupement territorial des garde-côtes de Annaba ont réussi à déjouer une autre tentative d'émigration clandestine à destination de la côte italienne. C'est à 4 miles au nord de Ras El Hamra qu'ils ont intercepté une embarcation artisanale dotée d'un moteur de 55 chevaux. Arrivés sur les lieux, après une course poursuite qui a duré plus d'une heure, les garde-côtes ont arrêté les 17 jeunes harraga dont un mineur de 17 ans. Avant d'être présentés devant l'instance judiciaire, conformément aux dispositions nouvellement entrées en vigueur, les aventuriers, âgés de 17 à 32 ans, ont été soumis à une vérification d'identité auprès des services de l'état civil de Annaba, Jijel et El Tarf dont sont respectivement originaires 11, 5 et 1 d'entre eux. Lors de leur audition au siège de la station maritime principale, ils ont avoué avoir versé entre 70 000 et 80 000 DA chacun aux « vendeurs de rêves ». Peu scrupuleux, ces derniers ont trouvé en la vulnérabilité de la jeunesse algérienne un juteux commerce pour la fructification duquel des réseaux se sont mis en place à l'est du pays notamment Annaba, la plaque tournante. Avec ce nouveau titre, elle est paradoxalement devenue la wilaya à triple vocation : touristique, industrielle et pourvoyeuse de rêves sardes.