Le colloque international intitulé « Réhabilitation et revalorisation urbaine », initié dans le cadre d'une coopération algéro-espagnole et que devra abriter la ville d'Oran, à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 21 octobre courant, pose autant de problèmes qu'il ne propose pour résoudre la problématique du vieux bâti du quartier historique de Sidi El Houari. C'est, en effet, en parallèle avec l'initiative d'une coopération pour une assistance technique dans le domaine de « la gestion et la promotion du patrimoine urbain de la ville d'Oran » que cette manifestation a été pensée par l'ordre national des architectes de Barcelone, l'office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés et l'agence espagnole de coopération internationale en collaboration avec les autorités locales et le ministère de la Culture. Dans un premier temps et dans sa partie « Dimension internationale de la réhabilitation », la rencontre regroupera les interventions qui traiteront des expériences internationales et des approches théoriques formulées en conséquence. Les expériences algériennes comme le plan de sauvegarde de la Casbah d'Alger ou la protection de la vallée du M'zab seront présentées dès la première journée du colloque. La seconde journée sera consacrée entièrement à la réhabilitation à Oran avec la présentation du projet en question, c'est-à-dire « l'assistance technique pour la sauvegarde et la mise en valeur de Sidi El Houari » qui sera suivie d'un ensemble d'ateliers, des débats auxquels participeront autant d'élus que d'universitaires ou acteurs associatifs. A noter que des décideurs, comme le maire de la ville et le directeur de l'urbanisme et de la construction, participent en tant qu'intervenants. Blocage Ce colloque est venu 9 mois après l'installation officielle, dans le cadre de la coopération, du bureau de l'assistance technique. Son représentant, Javier Galvan, architecte et vice-président de « restaurateurs sans frontière », parle d'une « impasse ». Selon lui, en tout premier lieu, avant toute intervention, il faut définir un cadre juridique pour la protection de Sidi El Houari. Les demandes ont été formulées autant au ministère de la Culture qu'à l'APC et la wilaya mais aucune réponse n'a été donnée. De ce côté-là, c'est le blocage, affirme-t-il en évoquant le POS de ce quartier. En second lieu, il s'agissait d'installer une unité technique, une sorte de commission ad hoc ou un bureau autonome avec des architectes, des avocats, des sociologues, etc. Pour lui, il existe à ce propos bel et bien des individus intéressés mais pas de structure professionnelle qui fonctionne. « Il y a un écart entre désir, qui veut dire souhaiter que le quartier change d'aspect, et volonté qui présuppose l'action pour faire avancer les choses malgré les contraintes. » Même constat pour le 3ème volet relatif à la définition du plan urbanistique avec, à chaque fois, pour ce qui le concerne, des conversations intéressantes mais pas de travail réel. Conversations intéressantes, c'est justement ce qui risque de se produire lors de ce colloque qui va, une fois de plus, comme l'était à titre d'exemple la grande rencontre sur la gestion des grandes villes initiée également à Oran durant les années 90, et sortir avec des recommandations qui vont grossir les tiroirs des précédentes initiatives. N'empêche que, parmi les projets clés figure la nécessité d'éviter que la pénétrante ne débouche sur le boulevard Stalingrad, ce qui constituera une menace pour la mise en valeur du quartier. La carcasse de l'hôtel Château-Neuf, une plaie en plein milieu d'un site historique, résume en partie la problématique du cadre juridique dont il est question. Sera-t-il ou pas acquis par Sonatrach et si c'est le cas, quel usage en fera-t-on. L'assistance espagnole propose, face à l'impossibilité de le détruire, de le décorer de telle sorte qu'il devienne un symbole de la ville comme le sont les deux lions qui ornent l'entrée de l'hôtel de ville. Pour tous les autres projets, la Calère (ruralisée) l'hôpital Baudens, la Casbah, la pêcherie, etc., c'est une approche fonctionnelle, consistant à garder les activités et les groupes sociaux qui y sont installés, qui est préconisée. Tout le monde veut sauver Sidi El Houari mais que fait-on pour cela ? C'est la question qui reste posée et on soupçonne que ce n'est pas la priorité des décideurs qui regardent vers les zones d'extension.