Les parents d'enfants inadaptés mentaux de Tizi Ouzou ne savent plus à quel saint se vouer. La situation au sein du centre médico-pédagogique de Boukhalfa qui prend en charge cette frange juvénile opprimée ne cesse de se dégrader. Dans une assemblée générale tenue la semaine dernière au sein de l'établissement, les parents de ces enfants ont crié leur exacerbation face à cette situation qu'ils qualifient d'intolérable et d'inhumaine. Ont assisté aussi à cette réunion, le président de l'association des parents d'enfants atteints mentalement, et le directeur du CMP qui s'est hâtivement éclipsé. L'ordre du jour : débattre des problèmes de la prise en charge des enfants et ceux de l'association. Le débat a été d'abord lancé dans un dialogue de sourds, tant les interventions des participants ne furent qu'interpellations mutuelles entre les participants. Les uns accusent l'association d'avoir manqué à ses obligations pour améliorer la prise en charge des malades, d'autres accusent la DAS et le directeur de mauvaise gestion du CPM. Désarmés et plongés dans une totale confusion, les parents concernés s'insurgent : « Trop c'est trop, nos enfants sont délaissés. Ils sont sales, ils ne mangent pas bien, on ne les soigne pas. Ce centre devait leur redonner espoir de réintégrer la société, c'est le seul moyen qu'ils ont pour y arriver. » La situation du centre telle qu'elle a été présentée lors de l'assemblée par le président de l'association des parents d'enfants inadaptés mentaux est critique. Dans différentes lettres adressées aux responsables locaux, M Saïdani Lounis lève le voile sur la carence des moyens humains et matériels au sein du centre. « Le centre est dépourvu de tous les moyens médicaux, hormis deux infirmières, un psychologue et une orthophoniste, il n' y a aucun médecin, ni dentiste, ni de psychomotricien, ni de kinésithérapeute, ni de médecin phoniatre, ni ergothérapeute et les moyens matériels pour ces spécialités sont inexistants. Le personnel pédagogique est insuffisant et il manque de qualification, la moitié du personnel existant au CMP est employée dans le cadre du filet social », déclare-t-il. D'autres problèmes ont aussi été divulgués lors de cette rencontre, comme le manque d'eau et de chauffage. Cette situation affecte l'hygiène des enfants. Il n'y a pas d'ambulance pour l'évacuation des enfants en cas d'urgence, il n'y a même pas de téléphone au CMP, ce qui coupe tout contact entre les parents et les enfants internes. Les parents d'enfants inscrits au centre ne sont pas tous nantis. Ces derniers sont dans l'incapacité de prendre en charge leur progéniture malade tout au long de leur vie car le CMP ne peut l'assurer au-delà de 18 ans. Cette conjoncture a poussé les parents à dresser des mesures d'urgence pour revigorer le centre. Le débat a débouché sur des suggestions et des mesures à prendre. En l'absence de réponse des responsables locaux aux appels de détresse que lance l'association, celle-ci compte aviser le président de la République avec une lettre explicative de la situation. Si aucun changement ne se présente, l'ensemble des parents passeront à une grève et à la fermeture du centre, ont-ils menacé.