Photo : Riad De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche «La folie, c'est de croire qu'en faisant toujours la même chose on puisse arriver à un résultat différent», disait Albert Einstein. Alors que les examens de fin d'année approchent, la situation ne cesse de s'enliser au sein du secteur de l'éducation nationale, en raison de la contestation qui n'en finit pas de ressurgir au niveau des établissements d'enseignement, de la part des enseignants, des travailleurs et même des élèves, d'un côté, et de l'autre, la détermination de la tutelle à faire appliquer ses décisions prises dans le but d'assurer la scolarité des élèves, d'ici les examens prévus pour la fin de cette année. Pour ces examens, il a été affirmé qu'il n'y aura pas de deuxième session pour le bac et que la note d'admission au bac est maintenue à 10/20. Décisions qui n'ont pas trouvé d'écho favorable auprès du CNAPEST qui, la semaine dernière organisé une journée de protestation, pour exiger l'annulation des ponctions sur salaires prises à l'encontre des grévistes. Auparavant, alors que les établissements scolaires étaient ouverts durant la période des vacances pour les élèves désireux de réviser leurs cours et de se préparer aux examens de fin d'année scolaire, en groupe ou en présence d'enseignants engagés pour apporter leur savoir-faire et venir au secours d'une grande frange d'élèves inquiète de son cursus scolaire, la même structure avait ordonné à ses adhérents de ne pas rattraper les cours perdus et de ne pas procéder aux compositions du second trimestre pour les élèves du secondaire, ce qui a accentué le malaise au sein de la famille de l'éducation et chaque partie a l'air de subir les conséquences de cette situation et ne pas savoir exactement de quoi sera fait l'avenir. Dans cette ambiance confuse, chaque partie semble avoir oublié le rôle qu'elle doit jouer, afin de sauvegarder l'homogénéité de cette famille qui, par le passé, était liée de manière consensuelle et soudée pour la mission qui est la transmission du savoir, de l'éducation et de l'instruction. En effet, si, pour les responsables, l'intérêt des élèves doit être au-dessus des conflits sociaux menés par les adultes et être défendu par les enseignants, les représentants de ces derniers considèrent qu'ils ne pourraient jamais veiller et défendre l'intérêt de l'élève si eux-mêmes restent au bas de l'échelle sociale et voient leur situation socioprofessionnelle se dégrader de jour en jour au gré des réformes et des crises politiques. Avançant sans cesse des exigences et des revendications, jugées légitimes par les responsables,mais amenant souvent à des attitudes de bras de fer, même dans les moments de dialogue entre les deux parties, des représentants oublient que la loi du tout ou rien ne pouvait pas apporter que des satisfactions. Autrement dit, les résultats d'une négociation peuvent-ils toujours contenter toutes les parties ? Faux ! Le croire et le prétendre pourrait être synonyme de jusqu'au-boutisme. Pendant ce temps, des millions d'enfants attendent la fin du dernier trimestre de l'année scolaire. L'innocente inquiétude qui les domine est d'autant grandissante chez leurs parents. Au-delà de l'activisme conjoncturel manifesté, ces derniers demeurent mal organisés au niveau des établissements et ont des difficultés à suivre de près la scolarité de leur progéniture et encore plus à convaincre et rappeler à l'éducateur ce qui est attendu de lui. Limités sur le terrain et à chaque rentrée par des dispositions de conformité avec la loi -qui exigent le renouvellement de leur structure associative- certains parents, qui ont vraiment l'intention de collaborer avec les institutions éducatives, avouent avoir les mains liées. En général, les parents ne savent plus à quel saint se vouer pour protéger l'intérêt de leurs enfants. Cependant, les plus aisés de la société et ceux qui disposent d'un revenu consistant, n'ont pas attendu le début de la crise pour réagir. Un grand nombre d'entre eux ont préféré l'enseignement parallèle en espérant ainsi garantir l'avenir de leurs enfants. Malgré les conditions déplorables et anti-pédagogiques dans lesquelles s'effectue cet enseignement et les mesures prises par le secteur pour endiguer ce phénomène du «commerce éducatif», les parents n'hésitent pas à mettre la main à la poche pour payer des sommes faramineuses pour les cours particuliers de leurs enfants, notamment ceux qui s'apprêtent à subir les épreuves du baccalauréat. Croyant à l'efficacité de cet enseignement parallèle et mettre toutes les chances de réussite du côté de leur progéniture, tout en continuant d'inscrire ces derniers dans les établissements publics -eu égard à leur incapacité de s'en remettre aux écoles privées- les parents ont développé une méfiance vis-à-vis de l'enseignement dispensé dans les structures étatiques et même vis-à-vis des enseignants ainsi que du personnel éducatif. Mais, invraisemblablement, des parents font appel aux enseignants chez qui leurs enfants étudient pour les inscrire en cours particuliers. Pour les opportunistes c'est, bien entendu, une véritable aubaine ; les professeurs dispensant ces cours sont submergés par les demandes dès la rentrée scolaire. Puis, le nombre des demandes augmente à l'approche des examens, et nombreux sont les parents d'élèves qui sont en quête ces derniers jours de solution facile, tels les cours de soutien (plus de 500 DA par séance) ou le téléchargement de cours et exercices sur le web, afin de pallier les insuffisances de leurs enfants. Sur le terrain, ces parents, qui devaient être structurés en association pour la défense des intérêts des élèves, se sont murés dans un silence et un attentisme qui a laissé les élèves en proie à toutes sortes de rumeurs. Dans la majorité des établissements, ces associations n'existent que sur le papier, alors que dans d'autres l'opération de renouvellement de ces structures n'a pas eu lieu depuis des années. Mais paradoxalement, malgré ce vide, la fédération de wilaya des parents d'élèves continue toujours d'exister avec les anciens membres, au su et au vu des autorités locales et des responsables du secteur.