Le président Abdelaziz Bouteflika n'est pas allé, hier, avec le dos de la cuillère en s'en prenant à l'administration, réfractaire à l'exécution des décisions de justice. D'un ton coléreux, il a mis en garde les autorités qui refusent de se plier à la loi. « Ceux qui refusent d'exécuter les décisions de justice seront dorénavant poursuivis. Les autorités doivent être disciplinées à l'égard de l'Etat et du peuple. Que chacun assume ses responsabilités. Je ne tolérerai plus les comportements de touristes. Si cela ne vous plaît pas, vous n'avez qu'à démissionner. J'ai ma religion et vous avez la vôtre », a-t-il lancé, en rappelant que la souveraineté de la loi doit être au-dessus de tout le monde. La justice est une revendication constante et un besoin permanent au même titre que toutes les nécessités de la vie dont on ne peut se passer et qui doivent répondre aux normes de qualité scientifiquement établies ; il importe de les préserver de toute pollution ou corruption. Pour lui, la justice « n'est pas un programme provisoire ni une valeur conjoncturelle que nous avions voulu à une certaine étape pour l'institution judiciaire. Elle se veut une mobilisation permanente et perpétuelle de tous les moyens et capacités et de tous les éléments actifs en vue de la consécration et de la concrétisation des principes d'une véritable justice en laquelle le citoyen croit et qu'il respecte ». Mais ce respect, a-t-il noté, doit être suscité par « par l'intégrité et la probité des personnes en charge de la justice et leur souci d'équité et de justice dans toutes les affaires sur lesquelles elles doivent se prononcer conformément à la loi et à la loi exclusivement ». Le Président a estimé que la réforme engagée depuis 2000 n'est qu'un moyen et un outil visant à imprimer à notre justice un degré de modernisation et de perfection dans lequel elle devient une justice de réforme globale de tous les secteurs et de la vie publique dans tous ses aspects. M. Bouteflika a précisé en outre que « le concept du pouvoir judiciaire est aujourd'hui consacré dans le statut de la magistrature et la loi portant organisation, composition et fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature qui ont renforcé la protection du magistrat de manière effective contre toutes les formes de pression externe, lui ont assuré des conditions socioprofessionnelles à la hauteur de sa position et de ses responsabilités, loin de toute tutelle si ce ce n'est celle du Conseil supérieur de la magistrature ». M. Bouteflika n'a pas manqué de mettre en exergue le « développement » atteint par les établissements pénitentiaires érigés en centres d'éducation, d'enseignement et d'alphabétisation, voire en lieux où sont dispensés divers métiers au profit des détenus sans distinction de sexe, d'âge ou même de la gravité du crime. Il a appelé l'administration pénitentiaire à multiplier les chances d'accès à l'enseignement et au métier à toute personne frappée de malheur et qui se retrouve privée de sa liberté. A cet effet, il a déclaré : « Soyons cléments avec les égarés qui ont recouru aux sabres ou aux plumes. Il faut pardonner aux uns et aux autres dans l'esprit de la sauvegarde de la cohésion nationale. Nous ne tiendrons aucune rancune envers les uns ou les autres. » Toujours au sujet des prisons, le Président a indiqué que la réforme engagée témoigne du niveau d'application des principes des droits de l'homme en matière de traitement des détenus dans notre pays. « Cette réalité positive d'exception a motivé la volonté de quelques- unes de ces organisations et de certains pays amis qui disposent d'un système pénitentiaire développé, de faire part de leur disponibilité à aider l'Algérie à mener à bonne fin les programmes de réforme des établissements pénitentiaires. Nous avons favorablement accueilli cette initiative car elle nous offre l'opportunité de tirer avantage de l'expérience scientifique et pratique de ces pays amis tout en permettant à ces organisations et, partant, à l'opinion publique de s'enquérir de ce qui se déroule au sein de nos établissements pénitentiaires à la faveur de réformes sérieuses et pertinentes en matière d'application des droits de l'homme et de rééducation des délinquants. » Le président Bouteflika a appelé les responsables à poursuivre les efforts de manière à faire des établissements des espaces pour l'acquisition des sciences et du savoir et l'apprentissage des métiers car, selon lui, sans l'encouragement, le soutien et l'adhésion de la société civile et des autres secteurs au processus de réforme, le pouvoir judiciaire, en dépit du rôle essentiel qui lui incombe au titre de ses missions, ne saurait agir seul dans la diffusion de la culture des droits de l'homme, la lutte contre toutes les formes et les manifestations de violation et de déviation en vue de garantir un climat de sécurité et de généraliser le sentiment de quiétude et de satisfaction au sein de la société.