L'économie algérienne est à la croisée des chemins. Les choix stratégiques du gouvernement actuel sont décisifs et déterminants pour l'avenir du pays. Le message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, adressé hier au peuple, à l'occasion du 54e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954, sonne comme une prise de conscience sur la nécessité de diversifier l'économie qui a chaviré après la baisse substantielle des cours du baril de pétrole, seul indicateur qui rythme son évolution. Nous allons faire face au séisme économique qui se prépare et à ses répliques préjudiciables, en premier lieu, aux économies faibles des pays en développement », avertit d'emblée le chef de l'Etat en faisant allusion à la crise financière mondiale. Pour le premier magistrat du pays, il est temps de réfléchir sérieusement à l'après-pétrole. « Notre souci majeur est de substituer à la manne pétrolière la valeur ajoutée du travail productif sur les plans matériel, intellectuel et technologique, et ce en puisant dans des alternatives à rechercher dans l'agriculture et les industries diverses, notamment les industries de transformation et en accordant davantage d'intérêt aux services et aux sources d'énergie autres que les hydrocarbures », a-t-il dit. L'Algérie a su tirer son épingle du jeu dans la crise financière qui secoue les économies les plus performantes du monde grâce aux recettes pétrolières engrangées au moment où les prix de l'or noir atteignaient des seuils records. Le marché du pétrole étant volatile, les prix ont amorcé une tendance baissière qui semble s'installer dans la durée augurant plus d'incertitude et de vulnérabilité pour l'économie nationale. Les économistes ont souvent dénoncé sur ce plan une absence totale de visibilité. La mise en place d'une commission d'évaluation et de suivi chargée de suivre de près les répercussions de la crise financière mondiale sur l'économie nationale installée par le ministère des Finances démontre que l'inquiétude commence à gagner les hautes autorités du pays. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a expliqué dernièrement qu'une loi de finances à 37 dollars le prix de référence du baril de pétrole permettra de gérer la situation à court et moyen termes. Il a toutefois souligné qu'à long terme, avec un baril à moins de 67 dollars, l'Algérie sera contrainte de puiser dans le Fonds de régulation des recettes afin de rééquilibrer son budget. Un fonds évalué au 25 septembre 2008 à 4728 milliards de dinars, selon M. Djoudi, au moment où le prix du pétrole est autour des 60 dollars cette semaine. Le gouvernement algérien a compris que des leçons doivent être tirées de la crise financière et que les engagements pour des réformes économiques ne doivent plus rester au stade de vœu pieux. C'est du moins ce que laissent entendre les propos tenus la semaine dernière en marge de l'ouverture de l'année judiciaire 2008-2009, par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. L'Algérie est aujourd'hui à l'abri « de la crise financière mondiale », avait-il assuré, tout en reconnaissant qu'elle (la crise) « a eu au moins le mérite de nous révéler que nous n'avons pas travaillé en conséquence pour préparer l'après-pétrole ». « C'est comme une douche froide qui doit nous faire réagir, car nous n'avons eu de cesse de chanter notre aisance financière », avait lancé Ahmed Ouyahia qui estime que la récession de l'économie mondiale « peut durer jusqu'à trois ans ». Le fait que l'Algérie soit déconnectée de l'économie mondiale lui a peut-être été salutaire dans l'immédiat, mais il est fort à craindre que le pire soit à venir.