Un évènement scientifique de taille a été abrité, hier, par l'auditorium Mohamed-Seddik Benyahia de l'université Mentouri. Une assistance nombreuse était là pour suivre une conférence donnée sur « la chimie et l'industrie » et un forum organisé autour de ce thème. Le tout, orchestré par Yves Chauvin, un scientifique français dont la carte de visite témoigne d'un parcours remarquable et d'une reconnaissance à l'échelle planétaire. A commencer par celle qu'on lui a témoignée en 2005, à travers l'attribution du prix Nobel de chimie remis conjointement aux Américains Robert Grubbs et Richard Schrock. Huitième français à avoir bénéficié du Nobel de chimie (sachant que le premier français a l'avoir obtenu est Henri Moissau en 1906), il est membre de l'académie des sciences, ancien directeur de recherche à l'institut français du pétrole, et directeur émérite à l'école supérieure de chimie physique électronique de Lyon. Eminent spécialiste de la chimie appliquée et des procédés industriels, il est à l'origine de nombreux brevets et publications lui ayant valu un nombre impressionnant de distinctions. Certains de ses travaux sont à l'origine d'avancées qualifiées d'historiques, notamment ceux portant sur « la métathèse », un procédé qui a révolutionné l'industrie des médicaments, des peintures, des plastiques et des additifs alimentaires. A ce propos, Jean-Marie Basset, membre de l'académie française, s'est félicité d'être l'ami de Yves Chauvin, le qualifiant au passage d' « homme de science extrêmement brillant, et dont l'activité de recherche académique a toujours été très large, originale et toujours en avance sur son temps ». Immergé dans le monde de l'industrie chimique française, classée, en termes de chiffres d'affaires, 5e dans le monde et 2e en Europe, Yves Chauvin s'est particulièrement illustré de 1960 à 1995 à la tête de l'institut français du pétrole. Une période durant laquelle il avait remis à plat un certain nombre d'idées reçues, notamment le fait que les énergies renouvelables ne pourront jamais remplacer le pétrole dans la sphère des transports, « l'expérience ayant démontré, selon lui, que l'industrie pour la fabrication des produits verts a ses limites, à l'inverse de la chimie qui est en mesure d'aboutir à des procédés de traitement du pétrole plus propres et en mesure de réduire considérablement les rejets et pratiquer le recyclage ». A ce propos, il est utile de savoir que l'industrie chimique française a consacré 11 % de ses investissements (350 millions d'euros) à la préservation de l'environnement.