Elle était la Mama Africa, la diva, l'icône d'ébène et d'ivoire, une passionaria de l'afro-beat, belle et rebelle, révolutionnaire, progressiste et éperdument éprise de liberté, car battante et combattante. Miriam Makeba la super... mammy de l'Afrique, la chanteuse sud-africaine à la voix divine, l'auteure mythique de Pata Pata, une grande amie déclarée et « sœur d'armes » de l'Algérie. Celle qui avait comme alter ego, le plus Africain des Algériens, le chanteur Mohamed Lamari, est décédé, dans le nuit de dimanche au Grand hôpital Pineta, à Castel Volturno au sud de Naples (Italie), des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 76 ans. Une lionne est morte, hier soir, de sa belle mort. Juste après un concert de solidarité à l'écrivain Robert Saviano, menacé de mort par la mafia locale : c'est dire de son engagement humain au service de ses semblables. L' écorchée vive, la « sister soul » de l'anti-apartheid, avait vécu un âpre et lancinant exil de plus de 30 ans aux Etats-Unis, en Guinée et épisodiquement en Algérie. « Ma vie, ma carrière, chaque titre que je chante et chaque concert sont liés au destin de mon peuple », expliquait-elle dans son autobiographie, Makeba, My Story, publiée en 1988. Miriam Makeba, une légende de la musique africaine et universelle qui a tutoyé Nina Simone, Dizzy Gillespie, Harry Belafonte, Paul Simon (remember l'album Graceland), le trompettiste de jazz sud-africain Hugh Masekela et qui a chanté pour les présidents John F. Kennedy, Houari Boumediène, lequel lui octroiera la nationalité algérienne, ou encore le leader historique palestinien Yasser Arafat et vivra même avec Stokely Carmichael, leader du mouvement Black Panther. « Elle était la première dame sud-africaine de la chanson et elle mérite le titre de Mama Africa. Elle était la mère de notre combat et de notre jeune nation », dira Nelson Mandela l'ancien président sud-africain, pour saluer sa mémoire. Mohamed Lamari, le crooner algérien, ayant formé un duo chic et choc avec Miriam Makeba dans les années 1970, nous confiera sa grande tristesse quant à une artiste majuscule : « Miriam il l'appele Meriem Makeba est un monument de la musique africaine. Elle dégageait une grandeur d'âme à travers ses principes pacifistes, anti-raciaux et son engagement auprès des causes libératrices de l'Afrique. La preuve ! Le président Houari Boumediène lui avait donné la nationalité algérienne. C'était une Algérienne. On avait interprété les titre Africa et Mozambique ensemble partout dans le monde en RDA, Afrique, Alger...C'est une grosse perte non seulement pour les Africains mais pour le monde entier. Je suis très triste. J'aurais aimé la retrouver pour le 2e Festival panafricain d'Alger en 2009 où elle aurait été l'invitée d'honneur et évolué aux côtés de Mory Kanté et tant d'autres... Miriam Makeba Laisse un grand vide. Elle est irremplaçable. Elle avait un don. C'est comme El Hadj M'hamed El Anka, El Hadj El Hachemi Guerrouabi, Jacques Brel...Je garde un très bon souvenir de Miriam Makeba. J'ai fait beaucoup de galas avec elle. C'est une partie de nous qui vient de partir... ». Le chanteur P.J. Powers, quant à lui, témoignera : « Elle a été une partie de ma vie pendant longtemps. C'est une grosse perte ». L'Algérie gardera l'image de cette artiste aux vertus cardinales universelles, chantant Ana Houra fil Djazaïr (Je suis libre en Algérie), de cet hôte de marque et remarquée lors du Festival panafricain en 1969 où Alger était la Mecque des mouvements de libération en Afrique et dans le monde. C'est sûr Miriam Makeba, c'est Mama Africa et saga Africa !