Vous venez de publier votre premier roman L'année du rat et du destin. Comment vous est venue l'idée d'écrire ? Je crois que je suis venu à la littérature comme un cheveu sur la soupe. Certes mes premiers flirts avec les romans remontent à ma prime enfance mais de là à m'imaginer écrire moi-même, franchement non. J'ai toujours eu la plume facile mais c'était juste histoire d'écrire des lettres d'amour interminables que je n'envoyais d'ailleurs jamais. Pour revenir à L'année du rat..., ce que je peux dire c'est que je l'ai commencé le jour où j'ai estimé avoir des choses à dire et surtout à partager. Malheureusement les circonstances ont fait que pour ces deux dernières années je n'ai que de la douleur à offrir en partage. Bref, ce n'est pas l'idée d'un roman qui m'est venue comme par enchantement, mais ce sont plutôt les mots qui se sont invités chez moi. L'écriture n'est jamais un métier en soi. Je crois que c'est une vocation, quelque chose qui vous happe au moment où vous vous attendez le moins. Vous attendiez-vous à ce que votre roman connaisse un tel succès ? Franchement, non. Je suis tout juste ravi de ne pas avoir déçu et ça m'encourage à aller de l'avant. Si vous permettez, je voudrai rassurer les lecteurs qui n'arrivent plus à trouver mon roman dans les librairies puisqu'il a été épuisé en stock ; je leur dis simplement qu'il sera de nouveau disponible. Encore une fois, je ne m'attendais pas à un tel écho. A quel genre littéraire estimez-vous appartenir et comment ? Voilà une excellente question qui me permet de me situer un peu dans ce vaste bourbier qu'est la littérature. C'est pour vous dire que mon écriture n'est pas guidée par une approche bien définie, si genres il y a, je crois bien qu'ils y sont tous où alors je préfère parler de style libre. Il faudrait savoir que cette histoire de courants et de genres qui a prévalu depuis des siècles et qui a alimenté bien des polémiques entre critiques littéraires a tendance à disparaître de nos jours. Vous savez les cadres formels, les théories structurelles et formalisantes participent de mon avis de l'embrigadement des auteurs. Dans L'année du rat.., je me suis décliné d'abord et avant tout comme poète et un poète, c'est très connu doit être volatile et ne peut à ce titre être enfermé dans un quelconque cadre théorique, même si parfois celui-ci peut paraître sécurisant. Vous pouvez remarquer en parcourant mon roman, que je suis tantôt romantique, tantôt réaliste, d'autres fois je m'autorise des apnées psychanalytiques, par moments je joue au mystique. Parlez-nous de votre expérience avec les éditions algériennes, quelle conclusion avez-vous tiré ? Permettez que j'apporte quelques précisions : d'abord si je n'ai pas contacté tous les éditeurs, c'est que les quelques- uns à qui j'ai eu à faire m'en ont dissuadé. Je crois qu'à l'instar de tous les autres secteurs dans notre pays, l'édition peine à se mettre aux normes internationales. Ce que j'aurais aimé c'est d'abord d'être écouté, lu, pourquoi pas conseillé voire même corrigé... Bref être accompagné. Nombre de ces éditeurs n'ont même pas de comités de lectures. Pour l'anecdote j'ai eu affaire à un « marchand de livres », dont on taira le nom de la maison par pudeur qui voulait me faire payer 10 000 DA la lecture de mon roman par un comité composé exclusivement de ses amis. Franchement ça m'a blasé et si j'ai un conseil à donner aux jeunes écrivains c'est de ne pas se laisser marcher sur les pieds. Un éditeur qui vous fait payer tous les frais inhérents à votre projet de roman n'est rien d'autre qu'un marchand. Des maisons d'édition étrangères se sont intéressées à votre ouvrage, qu'en est-il ? Les trois éditeurs qui m'ont contacté (les éditions Bénévent à Nice ; Bod présente dans toute l'Europe et Les éditions francophones au Canada) ont tous mis à ma disposition ce qu'ils appellent là-bas un dossier d'auteur. Des dizaines de documents qui retracent tout le processus de votre projet de livre. Permettez-moi encore une fois de souligner leur professionnalisme car on sent réellement chez eux une bonne volonté à travers toutes les mesures d'accompagnement qu'ils proposent. Je ne suis pas naïf, certes ils se font de l'argent mais c'est très franchement dérisoire face aux sommes mirobolantes qui sont demandées chez-nous. Pour l'exemple l'offre la plus onéreuse m'est venue des éditons canadiennes et elle s'élève à 420 euros. C'est d'ailleurs avec ces derniers que je suis en négociations très avancées. Un petit résumé du prochain roman ; vous en êtes où avec ce nouveau produit ? Le serment d'hypocrite sera fin prêt vers la fin de l'année. Pour la petite idée, le roman est parti d'un constat : celui de la régression sociale à tous les niveaux. Je suis en train de constater avec effroi que la société dans laquelle nous évoluons se « néanderthalise » de jour en jour. Mon nouveau roman est pour ainsi dire une mise à nu de toutes les hypocrisies qui rongent notre société. C'est un peu l'histoire d'un jeune villageois qui raconte ses multiples déceptions. Un garçon qui découvre le revers de la médaille du droit d'aînesse et apprend que ses propres frères sont prêts à le lâcher à la moindre occasion, que ses amis vont le décevoir tour à tour. Un peu plus grand, il apprend amère que ses collègues de bureau qui lui sourient jusqu'aux oreilles le charcutent derrière. Il s'entiche d'une jeune universitaire et découvre que sa dulcinée tenait depuis leur rencontre un registre ouvert en prévision de son mariage. Il milite dans un parti politique et très vite il fera la connaissance des loubards chasseurs d'appartements et autres privilèges. Un roman où les chapitres s'égrènent au rythme des désillusions de notre héros.