En direct d'un domicile typiquement algérien, le récit vivant de ce que le sociologue Hadj Miliani appelle la culture d'appartement. C'est avec un très grand plaisir que je prends mon clavier et ma souris pour vous écrire d'un coin de ma chambre conjugale où trône mon ordinateur avec son internet faible débit qui, tout de même, prend une bonne partie de ma vie culturelle, faite aussi des deux autres écrans que sont la télévision et le téléphone portable... Le quatrième écran, déclassé, car il était le premier dans l'ordre chronologique de ma vie, est passé aux oubliettes : je ne suis pas entré dans une salle de cinéma depuis belle lurette ! Ainsi le grand écran fait partie de mon passé lorsque mon père m'y emmenait, tout petit, à Tissemsilt, l'ex-Vialar, (wilaya de) ; et plus tard, lorsque j'y allais tout seul, comme un grand, à Alger, Blida et en France de 1981 à 1984, à Paris principalement (Ah ! Paris tu me manques...). Dès que mon père, 80 ans, finit de lire ses journaux (El Watan, Le Soir d'Algerie, Liberté, Le Buteur et Compétition), il me les passe et je les dévore le plus vite possible afin d'avoir le temps d'écouter les stations radio, regarder les chaînes de télévision et surfer sur le web que j'ai depuis près de deux ans seulement à Ouled Yaïch, l'ex-Dalmatie, tout près de Blida (ouf !). Les samedis, dimanches, lundis et mardis, jours où je travaille, ralentissent un peu ma vie culturelle car, fatigué du travail et de beaucoup de monde que je vois... (de chez moi à mon boulot, la cité universitaire de SoumaâI, tout près). Les mercredis, jeudis et vendredis, ainsi que le mois d'août (mon congé annuel), je me donne à fond pour ma vie culturelle faite des moyens cités plus haut... et à domicile ! Mes radios favorites sont la chaîne II et Radio berbère que ma vieille mère, bientôt 79 ans, écoute souvent avec moi en me faisant des commentaires – oraux bien sur – sur tel chanteur ou telle chanson et sur tel animateur... Ainsi, ma maman est une bibliothèque ambulante qui m'instruit bien sur tant et tant de choses qu'elle a écoutées, regardées et vécues depuis sa naissance dans le village de Tassaft Ouguemoune. S'il y a une seule chaîne de télé à choisir, c'est bien Berbère Télévision car, là aussi, c'est le choix de ma mère qui est déterminant. Lassée de l'Unique et des autres chaînes arabes que ma sœur, mon frère et sa femme regardent dans leurs chambres ; lassée aussi des chaînes françaises que mon père regarde au salon, ma mère se réfugie dans ma chambre pour voir Berbère Télévision qui la ressource et lui donne des forces pour continuer à vivre en se rappelant ses souvenirs, et plutôt les bons que les mauvais... Rien qu'à regarder Slimane Azem chanter, ça lui procure du bonheur ! Avec la magie de la caméra, les morts se réveillent et sont parmi nous, bien vivants à jamais... Mon téléphone portable a une caméra (d'ailleurs je l'ai acheté pour ça), et je filme toute la maison en premier lieu pour immortaliser les instants de notre vie familiale... Quand je suis tout seul dans ma chambre, je me permets de zapper pour élargir mes horizons et donc enrichir ma vie culturelle d'un « Bernard l'Ermite », qui ne sort de chez lui que pour aller travailler... Abdelkader Kamel Ouahioune - Vous aussi, envoyez-nous le récit de votre vie culturelle (1 page ordinateur maximum). [email protected]