Le dramatique feuilleton « typhoïde » est de retour. L'impunité des faiseurs de drames et le laxisme des gestionnaires des cités en sont les principales causes. Ainsi, la ville d'El Eulma est depuis juin dernier en émoi, ébranlée par l'épidémie qui a touché 44 personnes, dont 30 cas bactériologiquement confirmés et localisés dans les cités Boucif, Boukadoum, Lakouares et des 350 Logements. Selon les investigations, sur la base d'analyses et d'entretiens avec les patients, il apparaît clairement que l'eau de trois puits appartenant à des particuliers est la source de la contamination. En dépit de la gravité de la situation, la municipalité clouée au pilori n'a pas procédé à la fermeture des points d'eau précités. Pour circonscrire ce fléau pas bien géré par les responsables de la commune, une réunion présidée par le secrétaire général de la wilaya s'est tenue dimanche au siège de la daïra. Prenant la parole, le représentant du wali de Sétif a tenu à mettre les principaux intervenants devant leurs responsabilités. « Nul n'a le droit de mettre en péril la santé du citoyen. Des poursuites judiciaires seront engagées à l'encontre des responsables défaillants », dit-il. Rappelons à ce sujet que l'ex-président de l'APC de Beni Ouassine (Bougaâ), éclaboussée en août 2001 par cette pandémie, a été condamné à une année de prison avec sursis. Le directeur de la santé a, quant à lui, fustigé les responsables communaux n'ayant donné aucun crédit à la correspondance 701/2004 du 8 mai 2004 transmise au P/APC l'informant de la situation bactériologique critique de neuf puits visités (l'absence de chlore et de brique poreuse et la présence de coliformes et colibacilles ont été constatés). Le représentant de l'ADE (Algérienne des eaux) évoque la vétusté du réseau de l'alimentation en eau potable (AEP). Un autre intervenant parle de deux réseaux d'AEP. L'un est contrôlé, mais pas l'autre. Le président de l'APC s'est confiné dans des statistiques contestées par un téméraire élément du service de prévention de l'hôpital d'El Eulma. « La ville dispose de 45 puits collectifs, 5731 individuels et 77 agricoles. Seulement 4986 ont été traités », dit le maire. Le technicien de la santé émet des réserves : « Nos services n'ont jamais été associés au traitement des puits. La brique poreuse est rarement renouvelée. Pis, au niveau de nombreuses nouvelles cités, le réseau des eaux usées est installé au-dessus de celui de l'AEP. A certains endroits, l'eau ne contient que 0,02 mg de chlore. » Le directeur de la santé tire, quant à lui, la sonnette d'alarme : « La fièvre typhoïde est dangereuse et ses séquelles sont nombreuses. Comment peut-on installer des puits dans les sous-sols de bâtiments ? A cette allure, ces puits risquent de contaminer les nappes phréatiques... » Pour rappel, la wilaya de Sétif a, selon des chiffres officiels, enregistré entre l'année 1990 et mai 2001, 2794 cas de fièvre typhoïde. Comme mesures conservatoires, les puits incriminés ont été fermés, la chlorométrie sera prise au niveau des robinets des domiciles ciblés à titre d'échantillon. Une surveillance épidémiologique est de mise au niveau des quartiers touchés ou à risque. Par ailleurs, sept cas ont été décelés dans la wilaya de Khenchela. La majorité des malades résident à Ouled Slim où sont déversés les rejets d'une unité de production, rejets à l'origine de ce début d'épidémie, semble-t-il. A rappeler que certains habitants de Ouled Slim sont déjà en litige avec le propriétaire de ladite unité, une usine de boisson gazeuses, à cause de ce problème du déversement de ces eaux usées. Beniaiche Kamel, Maachi A.