Un jour de l'an, ça se prépare. Surtout lorsque l'on a dans l'idée de le passer à l'Assekrem. Le deuxième plus haut sommet du massif du Hoggar, à 2788 m, où la température descend facilement en cette période à 10° en dessous de zéro. C'est sur ce lieu de pèlerinage chrétien, où le père Charles de Foucauld a construit l'un de ses ermitages, que les organisateurs du 1er Festival du tourisme saharien de Tamanrasset ont offert l'opportunité à près de deux cents invités de réveillonner ce vendredi 31 décembre 2004. Sans se donner les moyens de mener l'excitant projet à bien. Manque de structures d'hébergement, d'animation et absence d'équipes médicales Ce refuge de l'Assekrem, seul et unique lieu d'hébergement et de restauration du sommet, avait des allures de chalet alpin... revisité : briques noires, poutres métalliques apparentes, tapis en fils de plastique tressés, petites tables basses et matelas contre le mur. Au coin de la cheminée, deux jeunes Targuis font bouillir sur les tisons le thé qu'ils feront mousser pour les convives. En lieu et place de la fondue de fromage, ces derniers dégustent chorba et couscous, ainsi que méchoui pour les plus chanceux. Un tableau réjouissant, mais uniquement le temps de la visite du ministre du Tourisme et de ses invités. Par la suite, le minuscule bâtiment, qui offre une capacité hôtelière d'une trentaine de lits, s'est retrouvé pris d'assaut par les festivaliers frigorifiés et affamés par trois heures de route. La plus grande chambre est ainsi transformée en salle d'attente, et les participants ne sont pas rares à attendre deux heures et demie... avant de forcer le passage vers le restaurant bondé. Ces derniers ne savaient sans doute pas que des repas étaient servis à l'extérieur, dans de grandes tentes, un peu plus au frais Peut-être avaient-ils été refroidis par la désorganisation en matière d'hébergement. Les organisateurs avaient bien prévenu : « Il a fait -6°C ce 30 décembre, prévoyez des couvertures. » Mais leurs hôtes ne s'attendaient sans doute pas à trouver des tentes non chauffées, en nombre insuffisant, peu équipées en matelas et pas du tout en couvertures. Loin du campement d'une trentaine de pèlerins présents en cette fin d'année. Seuls les invités ou les jeunes Targuis venus assister à la fête annoncée, assez nombreux, pour surveiller le précieux hébergement à tour de rôle, en auront bénéficié. « J'avais prévenu les organisateurs du ministère du Tourisme que ce site n'était pas fait pour accueillir autant de monde, regrette un voyagiste local, mais seulement 50 à 60 personnes. » Une nuit blanche n'aurait pas déplu aux festivaliers... Aurait-il encore fallu que les animations musicales prévues aient été maintenues. Si pour quelques-uns la fête ne s'est pas transformée en feu d'artifice mouillé, c'est uniquement grâce à la volonté de tous de communier sur ce site merveilleux. Ainsi qu'au travail de voyagistes locaux et de quelques fonctionnaires du ministère du Tourisme. Dans les tentes, des concerts sont improvisés, pendant que des centaines de spectateurs s'entassent dans le chalet pour assister à un concert de tindi (imjad)... Avant de souhaiter la bonne année sur des airs plus enjoués de la musique populaire algéroise. Le plus agréable, dans une fête, c'est sa préparation, a-t-on coutume de dire. Les invités acheminés en 4x4 de Tamanrasset ont eu la joie de contempler un magnifique spectacle, sur 80 km de piste. Entre les oueds asséchés, les pics et le sable apparaissent de véritables cimetières de rocaille, de la plus petite à la plus grande, comme délicatement posée par la main de l'homme. De la minuscule noisette, qui tapisse le sol à perte de vue, aux immenses rochers, superposés les uns sur les autres dans un équilibre improbable, en passant par les galets qui laissent se refléter le soleil à autant de petits miroirs Un spectacle émouvant, tout comme celui du soleil se couchant (sur 2004) et se levant (sur 2005) sur l'Assekrem.