L'absence de moyens d'évasion pour la jeunesse dans la région de Taourga, une commune de l'est de la wilaya de Boumerdès, a incité de nombreux jeunes à quitter précipitamment la terre nourricière pour aller chercher un refuge autrement plus douillet, ailleurs dans le pays ou sur l'autre rive de la Méditerranée notamment en Espagne, en Italie, en République tchèque et en France. Toutes les destinations sont prisées, y compris les pays du sud du continent. Ce qui fera dire à de nombreux jeunes désemparés : « Puisque nous sommes marginalisés, voire méprisés dans notre propre pays, nous sommes prêts à nous rendre au Pôle-nord pour travailler et goûter un tant soit peu au bonheur. » Et à un septuagénaire d'intervenir avec un pincement au cœur : « Je suis père de cinq enfants, tous en âge de travailler, aucun d'eux ne travaille, personnellement je les encourage à aller chercher du travail au bout du monde s'il le faut. Je veux bien voir tous les jours mes enfants près de moi, mais je dois avouer que je ne suis pas en mesure de les voir quotidiennement souffrir en silence », et de clôturer avec amertume : « Si les suicides ont atteint dans notre pays un point inquiétant, ce n'est pas pour rien. » Le message de ce vieillard est révélateur de la situation pas du tout enviable d'une jeunesse au bord du précipice. Ceux en charge de veiller sur l'intérêt de la maison Algérie, sauront-ils en mesurer l'importance ? Il semble que non. Car, bien que tous les ingrédients nécessaires pour redynamiser le secteur de la jeunesse soient réunis, celui-ci demeure frappé d'une profonde léthargie. Au grand dam d'une jeunesse avide de moyens d'évasion et de défoulement, la création d'un club communal de football est, pour des raisons inconnues, reportée aux calendes grecques. La présence d'un stade d'une capacité de 5000 spectateurs et d'un terrain Mateco, véritables joyaux architecturaux réalisés à coup de centaines de millions de centimes, et la fertilité de la région en matière de jeunes aux qualités sportives et morales intrinsèques capables de rivaliser avec les meilleurs, n'a toutefois pas réussi à faire réagir les autorités locales mais également et surtout des sportifs qui eux aussi semblent emportés par les torrents nuisibles d'une léthargie ravageuse. Il est vrai qu'à chaque fin de saison footballistique l'idée de créer une équipe de football dans la région fait sa furtive irruption dans les encéphales des responsables locaux, mais, celle-ci, est vite remise au placard tant la balle ronde représente le dernier des soucis de tous. Devenu par la force des choses l'opium des peuples à l'échelle planétaire, le football devrait en principe trouver une place de tout premier choix au sein d'une municipalité pourvue de tous les éléments d'une réussite certaine. Pour y parvenir, autorités et sportifs devraient conjuguer leurs efforts à tous les temps. La disponibilité affichée par la direction de la jeunesse et des sports (DJS), pour la réanimation d'un secteur cliniquement mort, est un facteur déterminant qui devrait inciter les pouvoirs public à ne plus tendre l'oreille aux chants envoûtants des sirènes d'une léthargie il est vrai irrésistible, en quittant leurs « lauriers-roses ».