Erigée en commune lors du découpage administratif de 1985, la municipalité de Taourga située à 85 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès et à quelques encablures seulement du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou est dépourvue de toute ressource. L'antique Tigist est considérée comme l'une des plus pauvres communes de la wilaya de Boumerdès. Cette commune qui s'étend sur une superficie de 27 km2 compte 9000 âmes réparties sur 8 villages. Le quotidien des habitants est dur. Le problème majeur est incontestablement le chômage qui, à la longue, a fini par transformer la majorité des jeunes en âge de travailler en « hittistes » avérés. La destination privilégiée des « Iwarguiwan » est le pays de Juan Carlos. Partis sans le sou, beaucoup se sont fait des situations qui relevaient avant leur départ en Espagne du domaine de la fiction, selon des témoignages des habitants. Les sortants des différentes universités ont été « utilisés » dans un passé récent dans les travaux d'utilité publique (TUP) pour un salaire de misère ne dépassant pas les 2300 DA par mois. Les plus chanceux ont été promus pour exercer dans le pré emploi, pour un salaire estimé à environ 7000 DA. A présent, les jeunes et moins jeunes saisissent toute occasion pour fuir le pays. Certains diplômés cachent mal leur désespoir qui se lit facilement sur leurs visages déjà ridés. L'un d'entre eux nous dira : « Je suis né il y a de cela 28 printemps. Ce profond sillon creusé par une misère au quotidien sur mon front, est, je crois, suffisant pour répondre à toutes vos interrogations. » Un autre diplômé dit avec amertume : « Ici, c'est le désert de Tidikelt. Il n'y a ni présent ni futur. Nous ne vivons pas, nous survivons au jour le jour. La meilleure solution pour nous, est de quitter au plus vite ce pays qui nous renie chaque jour un peu plus. » Le premier responsable de la commune qui est à son troisième mandat à la tête de l'APC de Taourga, parait désarmé devant tant de détresse des jeunes : « A l'instar de plusieurs contrées du pays, la nôtre souffre elle aussi d'un chômage rampant. Même si notre municipalité vit seulement des différentes subventions allouées dans le cadre du plan communal de développement, du plan sectoriel de développement et autres enveloppes octroyées dans le cadre du budget de wilaya, il n'en demeure pas moins que nous avons amélioré un tant soit peu le vécu de nos concitoyens. Toutefois, je reconnais que la résorption du chômage est une épreuve qui nécessite courage, patience et surtout des moyens colossaux pour en venir à bout. » La commune aspire à une dynamique de développement notamment dans le secteur agricole qui est sa principale vocation.