Des phénomènes sociaux au fonctionnement de l'organisme, l'homme en apprend plus sur lui-même en observant les bêtes qui l'entourent. Dernières découvertes scientifiques qui nous aident à mieux comprendre... L'harmonie sociale avec les fourmis Des chercheurs de l'université McGill de Montréal (étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences ) confirment l'hypothèse darwinienne quant à l'incidence de l'évolution sur l'ensemble d'un groupe. Et pour cela, ils ont étudié… les fourmis ! Les castes hautement spécialisées des fourmis sont le pinacle de l'organisation sociale du monde des insectes. Comme dans toute société, toutefois, les colonies de fourmis abritent de nombreux conflits et luttes internes. Ce qui les unit ? Des signaux moléculaires qui peuvent maintenir l'harmonie sociale en imposant des contraintes à leur fertilité. Les scientifiques affirment que ces signaux utilisés par l'œuf pour déterminer ce qui sera la tête et ce qui sera la queue ont été remaniés, de manière à empêcher les fourmis ouvrières de donner naissance à une progéniture viable. Darwin suggérait que, dans le cas des colonies de fourmis, la sélection naturelle ne s'applique pas uniquement à l'individu, parce que l'individu ne profiterait jamais de l'élimination de ses propres capacités de reproduction, mais aussi à la famille ou au groupe. La résistance aux médicaments avec un coléoptère Le système immunitaire du Ténébrion meunier, un insecte coléoptère, neutralise en moins d'une heure la plupart des bactéries infectant son hémolymphe (équivalent du sang des vertébrés), chose possible grâce à un ensemble de cellules et d'enzymes prêtes à l'emploi. Les microbes ont une grande capacité d'adaptation aux nombreuses stratégies mises en œuvre pour les détruire. Or, depuis près de 400 millions d'années, le système immunitaire des animaux, et notamment celui relativement simple des insectes, semble avoir réussi à éviter l'évolution de la résistance microbienne. Son secret : une petite boîte à outils personnalisée d'antibiotiques naturels, des peptides antimicrobiens, sorte d'antibiotiques naturels, qui freinent la multiplication des bactéries. Ainsi, la fonction principale des peptides antimicrobiens produits par le système immunitaire des insectes est de prévenir la recrudescence des microbes réfractaires aux défenses constitutives de l'hôte et permettrait, par conséquent, de réduire l'émergence de microbes résistants. La fabrication de biocarburants avec le termite La recherche qui s'intéresse de plus en plus à la fabrication des biocarburants a besoin d'en savoir plus sur les mystérieuses capacités biochimiques de digestion du bois. Et pour cela, des scientifiques japonais se sont naturellement inspirés des termites. Ils viennent de décrire une relation complexe de parasite dans un autre parasite, à l'origine de la capacité des termites à utiliser le bois comme seule source de nourriture. Différents micro-organismes symbiotiques sont présents dans l'intestin des termites et aident à la digestion du bois. L'un d'eux, un protozoaire, est lui-même l'hôte d'une bactérie, Pseudotrychonympha grassii. Ils ont ensuite séquencé son génome, qui révèle, entre autres, la capacité de la bactérie à fixer l'azote atmosphérique, à recycler l'azote de ses produits de déchets et à faire des acides aminés pour elle et le protozoaire qui l'héberge. Ces enzymes présentent véritablement un potentiel industriel, puisqu'elles pourraient servir à fabriquer du bioéthanol de deuxième génération. La disparition des espèces avec le bourdon Deux chercheur français du laboratoire Biogéochimie et écologie des milieux continentaux (CNRS) se sont intéressés aux variations du régime alimentaire du bourdon Bombus terrestris, en fonction de l'intensité de la compétition avec ses congénères. Sur des parcelles expérimentales comprenant cinq espèces de fleurs, les résultats montrent que si ces insectes ont un régime alimentaire généraliste en présence de nombreux congénères, ils se spécialisent lorsque la compétition entre eux est faible. Dans ce cas, les bourdons de deux des quatre colonies testées se contentaient même de butiner une seule espèce de plante à fleurs, celle dont le nectar est le plus facilement accessible. Une mauvaise nouvelle quand on sait qu'il est censé jouer un rôle « d'assurance-vie » pour les plantes pollinisées par des insectes spécialistes. Car même si leur pollinisateur principal disparaît, on suppose en effet qu'il y aura toujours un bourdon dans le secteur pour assurer la dispersion de leur pollen, et permettre à la plante de se reproduire. Il est donc à craindre que les bourdons, devenus peu nombreux, délaissent les plantes les moins riches en nectar, ce qui pourrait, localement, faire disparaître ces dernières.