Chréa ruisselle... d'eau et de lumière. Froide, elle réserve un accueil chaleureux à ses visiteurs. Dépourvue par les années de terreur, elle demeure charitable. Après une « décennie noire », Chréa est toujours là, toute blanche. Ce gisement touristique, classé patrimoine forestier national depuis l'époque coloniale, continue à offrir le plus beau de ses paysages aux touristes et pique-niqueurs qui commencent à retrouver le chemin de la montagne, longtemps abandonné. Située au faîte de l'Atlas blidéen, à 1500 m d'altitude et à 70 km d'Alger, la commune de Chréa peine à effacer les affres du terrorisme. Les trois hôtels existants, sont toujours fermés et le Ski Club laissé au goût des « visiteurs » et des 467 habitants des lieux. De la « prestigieuse » auberge du col des Fougères, il ne reste que le nom. Un immense bloc architectural qui juche du haut de la station de ski. Des structures d'accueil, plus rien n'est opérationnel. Pourtant, la sécurité est bien retrouvée dans ces reliefs accidentés. Les nombreux visiteurs, venus essentiellement de Blida et des villes environnantes, sont là pour en témoigner. Des couples cherchant un coin pour se détendre, des familles en quête d'une « boule »... de bonheur et des bambins pleins d'animation. En ce début d'hiver, les pique-niqueurs et les amoureux de la forêt viennent en grand nombre. Et ce, même si l'absence de certaines commodités et structures indispensables à une telle station touristique comme les toilettes publiques, les restaurants et les parkings, en laisse coi plus d'un. Le téléphérique reliant cette station à la ville de Blida demeure non opérationnel. Idem pour le télésiège. Cela renseigne, bien sûr, sur les efforts fournis par les autorités concernées pour donner un second souffle au tourisme dans cette contrée. Même les chalets des particuliers, pourtant fort nombreux, demeurent inachevés. Au club de ski, qui préserve quand bien même son nom, des jeunes, filles et garçons, tentent de pratiquer ce sport avec des moyens dérisoires. Un long patin de bois à spatules mal faites est proposé à 150 DA/h. Des jeunes de la région s'adonnent à cette activité qui leur permet de gagner quelques sous pour survivre. D'autres font dans le commerce des sandwichs. Des frites avec une petite quantité de viande hachée, souvent mal cuite, cédées à 50 DA. Quel embarras du choix lorsque l'on sait qu'il n'y a pratiquement aucun restaurant dans les alentours. N'empêche, une ambiance bon enfant y règne. Les gens ne font sûrement pas attention à ce genre de détails, car ils veulent se reposer et oublier les tracasseries et les pressions du travail. A Chréa, on ne peut trouver que cela. Des beaux paysages, des branches de cèdres broyées par le poids de la neige et un air pur qui libère les poumons des crasses entachant l'air de nos villes. Seulement il n'y a pas mille chemins qui mènent à Chréa. La route de wilaya n° 49 reste fermée à la circulation. Seule la RW37 qui serpente le massif de reboisement demeure praticable, avec plus de 700 virages en épingle à cheveux.