En hommage au dramaturge, poète et comédien Mahboub Stambouli, l'Etablissement Arts et Culture a organisé, mercredi dernier, au complexe Laâdi Flici, à Alger, une rencontre sur le thème « Le théâtre et la ville ». Metteur en scène et professeur d'art dramatique, Habib Boukhalifa relève dans son intervention que le théâtre algérien vit « une crise d'écriture, comme il est à la recherche d'une esthétique nouvelle. En plus, sans liberté, on ne peut pas créer. Ainsi, on éprouve des difficultés à mettre en relief la société algérienne dans toutes ses contradictions et diversités ». Aujourd'hui, « nous avons besoin d'un théâtre qui pense et fait plaisir. Notre théâtre est narratif. Or, il est nécessaire de s'investir dans un théâtre actionnel. D'autant que la nature humaine est partout la même ». De son côté, le metteur en scène Mohammed Cherchell qualifie la vile algérienne de « grand village » et de « jungle ». Dans cet environnement « le dramaturge travaille sans protection. En d'autres termes, il n'a pas de statut. Il n'existe pas de normes régissant l'espace social. Nous n'avons pas de ville. Nous avons un institut d'art dramatique à Alger. La formation y est de faible niveau. Ainsi, de par cette situation, il est constaté « un énorme gaspillage des capacités créatrices. Les artistes travaillent dans l'isolement et l'anonymat, à l'exemple de Mahboub Stambouli. En parallèle, des parasites s'introduisent par infraction dans le milieu artistique ». Le reste de la rencontre est consacré à des témoignages et hommages à Mahboub Stambouli. Né en janvier 1914 à Médéa, l'auteur du chant patriotique Min Djibalina est un créateur qui s'est investi dans de multiples facettes de la culture, la poésie en arabe classique et populaire, le théâtre et l'opérette, entre autres. Dans la décennie 1930, il crée dans sa ville natale la première troupe de théâtre et la première troupe de scouts. C'est en ces mêmes années qu'il adhère au PPA. Il part à Alger en 1939. Durant cette période, il écrit des chants patriotiques pour les scouts et des pièces de théâtre, à l'exemple de Je te raconte et Le fou de la plage. Après le déclenchement de la guerre d'indépendance, il intègre le FLN. Il est arrêté en 1957 pour être libéré en 1960. Après l'indépendance, il rejoint le Théâtre national algérien (TNA). Esprit ouvert à la culture universelle, il adapte et traduit des œuvres de Brecht, Aristophane, pour ne cite que ceux-là. Il meurt en janvier 2001 à Alger et laisse derrière lui une œuvre riche et variée. En effet, il a écrit plus de 5000 textes poétiques en arabe classique et populaire, une quarantaine de pièces de théâtre, dix opérettes, dix scénarios ainsi que quatre romans non encore publiés. Rencontré à la fin de la rencontre, son fils Nadjib indique que Mahboub Stambouli fait partie de ces premiers dramaturges algériens qui « ont introduit l'arabe populaire dans le théâtre. Comme il a adapté des œuvres d'auteurs de grande renommée, tels Brecht, Cervantès et Aristophane ». Mahboub Stambouli a consacré sa vie à la culture, sans pour autant chercher le prestige et la célébrité. Pour lui, l'homme se mesure à ce qu'il fait et non à ce qu'il dit. L'écrivain marocain, Driss Chraïbi, ne fait-il pas remarquer que l'identité d'un homme est ce qu'il fait ?