Rencontre n Un hommage à l'artiste Mahboub Stambouli, comédien, parolier, poète – il est l'auteur de l'hymne Min Djibalina – et dramaturge, a eu lieu, hier à l'initiative de l'établissement Arts et Culture, au théâtre de verdure. «Mon père était un homme qui aimait travailler et jouer dans l'ombre. Il avait opté pour le retrait, l'humilité. Quelques-unes parmi les valeurs humaines qui caractérisaient mon père et tous ceux qui l'ont connu ou approché de près ou de loin, s'accordent d'ailleurs à le dire.» «Ce qui faisait la particularité de mon père, c'est qu'il appartenait à une génération de jonction entre les pionniers du 4e art en Algérie et les générations qui ont suivi. Il appartenait, autrement dit, à une génération intermédiaire. En plus, il a apporté au théâtre algérien une nouvelle pratique et un langage nouveau», déclare Nadjib Stambouli, le fils de Mahboub et critique d'art dramatique. L'hommage rendu à Mahboub Stambouli était une belle occasion pour évoquer le parcours théâtral de ce dernier et, de surcroît, pour parler du théâtre algérien en général. C'était une rencontre ouverte à l'assistance qui, nombreuse, était constituée d'amis et proches de l'artiste et de gens de théâtre (professionnels ou amateurs) et d'étudiants à l'Institut d'art dramatique. Ce n'était pas un débat classique où les uns posaient des questions et les autres y répondaient, mais c'était une conversation où chacun a apporté un témoignage. Ainsi, et profitant de l'occasion, certains, à l'instar de Boutabaâ, chercheur et universitaire, a abordé le théâtre amateur en Algérie. Selon lui, la pratique théâtrale en Algérie a commencé par le théâtre amateur qui, lui, a vu le jour bien avant l'indépendance, c'est-à-dire en 1926. «A cette époque, on assistait à la naissance des troupes théâtrales amateurs», a-t-il dit, et ce n'est que plus tard, à l'indépendance, que la pratique théâtrale commençait à se professionnaliser, notamment avec la nationalisation du Théâtre national algérien (TNA), d'une part, et, d'autre part, grâce au Festival du théâtre amateur de Mostaganem créé en 1967. D'autres intervenants ont qualifié ce festival d'école. «C'est la pépinière du théâtre professionnel», ont-ils dit, ajoutant : «Ce festival a créé une dynamique dans la pratique théâtrale elle-même.» D'autres ont, en revanche, abordé les problèmes que connaît aujourd'hui le théâtre algérien, à savoir le manque de gestion, d'infrastructures et de financement. «Jusqu'à aujourd'hui, alors qu'on est à la veille de 2009, le théâtre algérien continue encore à être géré selon des lois vieilles, établies au lendemain de la nationalisation du Théâtre national algérien.» D'autres encore ont déploré l'absence d'un statut juridique protégeant les intérêts moraux et matériels des comédiens. D'autres enfin ont, pour leur part, regretté le manque de théâtre dans chaque ville, voire dans chaque commune. l «Mahboub Stambouli, dira Redouane Mohamedi, directeur de l'établissement Arts et Culture, est un des piliers de l'art et de la culture algériens ; c'est un homme qui a marqué son temps, ses contemporains.» Redouane Mohamedi a, ensuite, regretté qu'aujourd'hui, les gens et surtout les jeunes générations l'oublient «Je m'étonne et en même temps je regrette qu'aucune salle de spectacle, qu'aucune rencontre culturelle ou rendez-vous théâtral, ou aucun festival ne porte son nom.» Né en janvier 1914 à Médéa, Mahboub Stambouli a grandi dans une famille conservatrice. Il fait sa première rencontre avec les planches en 1920, alors qu'il n'a pas encore 7 ans. En 1935, il crée sa première troupe de théâtre, puis, en 1939, à Alger, il crée une autre troupe théâtrale Redha El-Bey. Durant cette période, il écrit des qassaïd et anachid patriotiques, ainsi que de nombreuses pièces théâtrales. Au déclenchement de la Révolution de 1954, Mahboub Stambouli a rejoint les rangs du Front de libération national au sein desquels il a activé. Ceci lui a valu d'être arrêté en 1957 pour n'être libéré que trois années après. Plus tard, il animera des émissions à Radio Alger. Il en produira sur la poésie et la chanson. En plus, il a créé une troupe de théâtre populaire qui se déplaçait de village en village. Au lendemain de l'indépendance, en 1962, Mahboub Stambouli rejoint le Théâtre national où il a mis en valeur toute son énergie créatrice et ses compétences artistiques. Tout au long de son parcours artistique, l'écriture était son seul, unique et fidèle compagnon. Il a écrit des nouvelles dans plusieurs revues ainsi qu'environ 5 000 poèmes classiques et melhouns, dix opérettes, une dizaine d'adaptations théâtrales, quatre romans, quatre feuilletons musicaux, une trentaine de pièces de théâtre. Décédé le 7 janvier 2002 à l'âge de 86 ans, Mahboub Stambouli a marqué l'histoire de l'Algérie par son militantisme et son combat au service de la patrie et de la culture.