Chréa, vêtue de son manteau blanc, n'a pas manqué cette occasion pour séduire des milliers de familles qui ont profité de cette aubaine pour décompresser de la fièvre du mouton qui règne dans le pays en cette période de « pré-Aïd ». Dès le début du week-end, on pouvait facilement distinguer les interminables files de voitures transportant les fans de la neige, ce qui a causé un bouchon monstre au rond- point de Bab Errahba, à proximité de l'école primaire Sidi Yekhlef. Une fois en haut, le Ski club ne pouvait plus répondre à la demande des amateurs de la glisse. Venus en groupes ou en solo, des femmes, des hommes et des enfants ne cessaient de réclamer les luges en bois louées à 200 DA de l'heure. D'autres préféraient prendre des photos souvenirs, acheter de la barbe à papa pour leurs enfants ou encore faire des randonnées à pied ou à cheval. Les chevaux étaient loués à 250 DA la randonnée qui ne dépassait pas quelques minutes. Le Ski club de Chréa, qui attire tant de gens, est, en fait, géré par des jeunes qui fabriquent manuellement les luges pour les louer. Une manière comme une autre de gagner leur vie. « Nous sommes une dizaine de jeunes qui gérons ce Ski club. Nous avons pris seuls cette initiative lorsque nous avons vu le nombre important de visiteurs en ces temps d'hiver, alors qu'aucune infrastructure de loisirs n'est disponible pour ces passionnés de la neige », dira Nacer, un des jeunes gestionnaires de cette station de ski. Croisant un groupe de randonneurs, ces derniers se lamenteront de l'absence de certaines commodités, telles que les toilettes publiques. Malgré cette pauvreté infrastructurelle dont souffre ce site paradisiaque, les enfants ne peuvent être que très heureux lorsque leurs parents se décident enfin à payer la location d'un traîneau. Ils arrivaient même à se chamailler entre eux avant de désigner qui sera le premier à y monter. Il faut noter aussi qu'un vie commerciale s'est installée à Chréa au détour de ces premiers flocons de neige. Tout se vendait. Il y avait des bonnets, des cache-nez, des fruits secs, du miel pur et beaucoup d'autres choses. Si Chréa offre toute cette beauté, il serait malhonnête de ne pas signaler cette image désolante qui se répète à chaque virage de la route menant vers ces hauteurs. Il s'agit du manque d'hygiène, qui aurait pu être largement dépassé grâce au civisme des uns et au devoirs des autres. Chréa ne serait que plus belle.