Faire les poubelles » est devenu ces dernières années le passe-temps de plusieurs enfants malgré les dangers que cela représente. A Béjaïa, Boukhelifa, tout comme à Sidi Aïch, bon nombre de mineurs « s'abonnent » aux décharges publiques, où sont récupérés et triés des matériaux recyclables ou réutilisables, extraits à partir des piles de déchets. Dans les centres urbains, les poubelles sont également passées au peigne fin. Ces mineurs, dont l'âge varie entre 12 et 18 ans, sont appâtés par les modiques gains que peut leur procurer le « commerce » avec les tenants des dépôts de déchets recyclables. Les enfants revendent, pour des sommes dérisoires, le produit de leurs quêtes pour les camionneurs qui sillonnent à longueur de journée les ruelles des quartiers. Les collecteurs viennent souvent des wilayas limitrophes comme Sétif et Jijel. Les enfants fouinent partout en quête de déchets recyclables et surtout vendables. Inconscients des risques de contaminations qui planent sur leur santé, ces enfants ne semblent point être indisposés par les émanations nauséabondes qui se dégagent des dépotoirs à ciel ouvert. De plus, une certaine catégorie de déchets, les métaux notamment, renferment des risques de blessures. Ces « lieux de travail » sont ainsi pris d'assaut tôt le matin par des mineurs en quête de déchets ferreux ou en plastique, des objets en cuivre, du verre….tout ce qui pourrait être troqué pour quelques dizaines de dinars. Selon le poids et la qualité, les déchets ferreux font parfois, aux yeux des enfants, un trésor qui se monnaye profitablement. Le kilogramme de cuivre est cédé entre 70 et 100 DA, alors que le plastique est négocié à 50 DA le kilo. « Je me rends quotidiennement à la décharge publique de Boulimat. J'y trie manuellement des matériaux recyclables, tels que la ferraille, le cuivre, l'aluminium et le plastique. Le tout est transporté, à l'aide de la camionnette de mon employeur, jusqu'au dépôt sis sur la RN9 », confie naïvement, Khaled. Ce jeune qui, la vingtaine à peine bouclée, ne garde qu'un lointain souvenir de l'école, informe qu'il exerce ce travail depuis deux ans. « Je sais bien que ce boulot est hautement risqué, mais je n'ai pas d'autres choix », admet avec amertume le jeune Khaled. Comme lui, nombreux sont les jeunes démunis qui, engagés n'importe comment dans cette tâche fort noble au départ du recyclage subissent, impuissants, toute forme d'exploitation. Nabil, les mains toutes tailladées, nous dit : « Le travail est dur ici. Mais que faire ? Il n'y pas de travail à Béjaïa ».