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“Un gisement énorme qui mériterait d'être exploité”
Le Pr Belhanèche, enseignant chercheur au département environnement, à propos du recyclage, à “libe
Publié dans Liberté le 18 - 02 - 2010

Liberté : Comment pourrait-on résumer l'histoire du recyclage ?
Pr Belhanèche : Après la crise pétrolière de 1973 et celle de 1979, la communauté internationale a compris que les matières premières ne sont pas inépuisables et on s'est rendu compte qu'il fallait arrêter la consommation effrénée et sans aucun respect pour l'environnement. C'est à partir de là qu'on s'est intéressé au recyclage et, depuis, tous les matériaux sont recyclables. Cela permet de protéger les matières premières et de les exploiter sur une durée très longue. Le pétrole d'ici 30, 50 ans sera épuisé, or bon nombre d'industries pétrochimiques sont issues du pétrole. Moi-même je travaille sur les matières plastiques et ces matériaux posent problème sur le plan environnement. Lorsqu'ils ont été découverts, ils ont été très intéressants sur le plan application du fait de leur durabilité et de leurs propriétés spécifiques. Donc, ils ont fini par concurrencer tous les matériaux classiques (le bois, le verre, le papier, le carton... ). Ils ont investi tous les domaines. Toutefois, ces matériaux ne sont pas biodégradables, et une fois qu'ils sont produits, ils ont une durée de vie infinie. On peut dire qu'ils sont éternels. Aucune étude ne peut estimer la durée de vie réelle d'une matière plastique. Les polymères synthétiques ne se dégradent pas. Et leur incinération est prohibée par la réglementation — sauf en Algérie où les pneus sont brûlés à l'air libre — excepté quand l'installation dispose de filtres, etc. car les dioxines dégagées sont toxiques. Initialement, ces matières étaient des produits de substitution qui ont fini par acquérir leurs titres de noblesse. Actuellement, dans le monde, il y a une accumulation considérable de déchets de matières plastiques.
En dépit du tri sélectif ?
Les choses sont en train de se faire d'un point de vue réglementaire. La sonnette d'alarme a été tirée par les associations écologiques. Le pourcentage de recyclage reste faible. Dans les pays développés, le législateur est en train de promulguer des textes pour encourager les producteurs et fabricants d'emballage pour envisager la durée de vie de l'emballage, de sa création à sa fin de vie à l'état de déchet. Cela suppose la recyclabilité du matériau par le producteur lui même : le but étant de le responsabiliser. Même dans les pays développés, les textes de loi ne sont pas appliqués. Il est par exemple demandé aux producteurs de recycler à hauteur de 60 à 70%. Jusqu'à l'heure actuelle, ces taux ne sont toujours pas atteints.
Dans les pays industrialisés comme la France, il est carrément question aujourd'hui de suppression des emballages (contenants)…
En effet, au lieu des doses individuelles pour diminuer à la source le nombre d'emballages qui va atterrir dans les décharges, en outre, il est question de revoir à la baisse la production par la diminution de l'emballage. Après les doses individuelles, la tendance s'inverse aujourd'hui. On fabrique des emballages pour des contenances plus importantes pour réduire l'emballage destiné au marché.
Pourquoi, face à toutes ces problématiques et cette prise de conscience, le recyclage n'est-il toujours pas à l'ordre du jour chez nous ?
Pour que le projet se concrétise, il faut que les pouvoirs publics prennent les choses en main. La filière du recyclage doit être bien organisée. Il y a tout d'abord la phase de récupération qui suppose un tri sélectif qui détermine le processus de recyclage en vue d'obtenir un gisement de déchets homogène et propre.
La pierre d'achoppement se situe donc au niveau du tri, de la collecte et du coût ?
ll En effet. Il y a la collecte sélective et la collecte multimatériaux en vigueur chez nous. Tout est jeté pêle-mêle dans la même poubelle. Il y a les ordures ménagères, les emballages en plastique, les journaux, les cannetes de jus, etc. Et donc, lorsque le ramassage passe, les matériaux collectés sont ipso facto contaminés par les ordures ménagères. Il y a des matériaux qu'on peut recycler, mais avant, il faut faire le tri avant de les acheminer vers les ateliers de recyclage. Malheureusement, chez nous, cette étape se fait par des particuliers, voire des réseaux bien organisés (des familles entières ont investi depuis des décennies ce créneau) spécialisés, avec le temps, dans le tri. Cela dans le cadre de la collecte multimatériaux. Le problème de la contamination se pose avec acuité, car il influe directement sur la qualité du produit recyclé. C'est pour cela que les pays développés ont opté pour le tri sélectif, avec installation au niveau des quartiers des différents containers destinés au verre, au plastique et aux cartons. De cette façon, les récupérateurs ont des gisements de déchets propres qui leur permettent de recycler de façon convenable.
Dans une des communes d'Alger, à savoir Hydra, il a été question d'une opération-pilote de tri sélectif, il y a un peu plus d'une année. L'opération n'a malheureusement pas porté ses fruits. Pourquoi selon vous ?
C'est parce qu'il fallait déjà sensibiliser les citoyens via une précampagne d'information et de sensibilisation. Ce qu'il faut savoir, c'est que le tri est indispensable. C'est un gisement énorme qu'on peut rentabiliser : création d'entreprises, création d'emplois. Cette filière doit être organisée et prise en charge par les pouvoirs publics. C'est avant tout l'affaire des municipalités qui doivent décider de l'endroit précis où installer ces containers au niveau des différentes communes.
Alors que le tri sélectif est relégué aux calendes grecques, on s'intéresse de plus en plus aux broyeurs. Cela n'est-il pas antinomique ?
Non, vu qu'il existe des entreprises privées algériennes qui recyclent. Il y a même les Chinois qui font du recyclage. Une partie des déchets est recyclée en Algérie, une autre est carrément exportée vers la Chine. C'est un secteur qu'il faut développer, mais surtout organiser. Aujourd'hui, le tri est fait en aval au niveau des décharges par des enfants, sinon par un réseau qui fait de la récupération par lots (verre, carton, métaux ferreux... ) et qui les revendent aux entreprises. C'est très dangereux, surtout quand ce sont des enfants qui font la fouille dans les déchetteries qui sont des bouillons de culture de microbes. Les produits récupérés sont vendus au kilogramme. S'il s'agissait de la collecte spécifique, la filière serait mieux organisée : les camions de ramassage achemineraient des déchets propres vers les centres de récupération. Car ces matériaux issus des décharges sont contaminés. Ce qui pose problème au niveau du recyclage vu que cela va générer un matériau recyclé de mauvaise qualité. Il faut un lavage préalable ; plus le matériau est contaminé, plus le lavage est long (lavage à l'eau froide, sinon à l'eau chaude quand le produit est contaminé par de la matière organique) et consomme beaucoup d'eau.
Que fait-on des plastiques recyclés, pour ne citer que ces polymères ?
Pour les matières plastiques, il existe trois recyclages : le recyclage matière, le recyclage thermique et le recyclage chimique. Pour le recyclage matière, le déchet est lavé, broyé puis transformé en granulés auxquels on peut rajouter de la matière vierge pour les valoriser. Il faut savoir, pour rappel, qu'on ne peut jamais réutiliser des matériaux recyclés pour un usage alimentaire, à cause des contaminations résiduelles, exception faite pour le papier recyclé. En revanche, on les utilise pour différentes applications dans la mesure où la réglementation est respectée. C'est la question que l'on se pose pour les entreprises chinoises qui font du recyclage, mais on ne sait pas ce qu'elles font exactement. Néanmoins, les échos ne sont pas très favorables : on parle d'allergies en tous genres, à cause des chaussures de fabrication chinoise. D'autre part, la filière exportation des métaux ferreux et non ferreux est bien organisée.
N'est-ce pas une perte pour l'Algérie ?
Si, malheureusement.
Qu'en est-il aujourd'hui ? On ne parle plus du tout du recyclage.
C'est un gisement énorme qui mériterait d'être exploité. Le complexe de Skikda est spécialisé dans la fabrication de matières plastiques dont le recyclage permettrait la création d'emplois. Avec la hausse probable du prix du pétrole, il faut savoir que ces matières sont appelées à être de plus en plus chères, donc davantage valorisées. Et une tonne de matières plastiques recyclée permet d'économiser une tonne et demie de pétrole. Il faut impérativement développer des stratégies pour aller au niveau des décharges qui existent depuis 30, 40 ans, et récupérer ces dernières qui constituent par ailleurs une véritable pollution visuelle. La collecte sélective est impérative aujourd'hui, les lots de déchets propres sont valorisés. La gestion des déchets solides incombe aux municipalités, il n'en demeure pas moins que c'est aux pouvoirs publics d'impulser des actions allant dans ce sens, comme l'instauration de taxes. Il est impératif aujourd'hui de réduire les quantités de déchets, c'est une stratégie mondiale.


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