Entamé il y a quelques jours à Tikjda, le premier stage des champions français Mehdi Baala et Bouabdellah Tahri, effectué en commun avec l'élite algérienne, s'est achevé, lundi dernier, dans la forêt de Bouchaoui. Ils retourneront ensuite en Algérie après le championnat d'Europe de cross-country auquel participe Tahri avec la sélection française, à Bruxelles, le 15 décembre. Les coureurs de demi-fond français tirent de bonnes conclusions à l'issue de ce regroupement inédit. Ils se sont rapidement intégrés à l'ambiance des athlètes algériens qui les ont bien accueillis. Les athlètes Boukensa, Manseur, Zerguelaïne, Boulahfane, Aggoune…. ont exprimé leur satisfaction de retrouver les copains des pistes. Ces derniers ont unanimement révélé que l'apport de Baala est bénéfique au sein du groupe. « Sportivement, chacun de nous découvrira la faiblesse et la force de l'autre. Le jour de la compétition, on connaîtra mieux notre adversaire sans nous mettre la pression », dira-t-il. On a constaté sur les lieux que l'excellent état d'esprit était omniprésent durant les séances d'entraînement biquotidiennes ou en dehors. Baala, qui s'est relevé à peine d'une gastroentérite, a avalé tranquillement la charge du travail foncier. Malgré le froid et les chutes de neige, seul Tahri, qui n'a pas trouvé de problème d'adaptation, est en avance par rapport à tout le groupe. Baala, double champion d'Europe du 1500 m, était heureux de l'accueil chaleureux qui lui a été réservé. « Même si je suis de nationalité française, j'ai toujours éprouvé mon fort attachement à mon pays d'origine », a-t-il déclaré. De père d'origine algérienne et de mère française, Baala n'a jamais tourné le dos a ses racines. « Je venais souvent passer quelques jours de vacances à Batna, la ville natale de mon père. Un père qui nous a fait toujours aimer l'Algérie dès notre enfance. D'ailleurs, il était enthousiaste à l'idée d'aller m'entraîner en Algérie », a-t-il dit. Malheureux aux grands événements d'athlétisme, Baala, qui a raté sur la ligne le podium des JO de Pékin, estime qu'il a trouvé une ambiance qui lui manquait. « En se préparant aux côtés des Algériens, Tahri et moi-même avons découvert une autre passion et un autre monde d'athlétisme. Le groupe, dirigé par Amar Brahmia, est discipliné. On n'y a jamais douté. J'ai laissé tomber l'option de la préparation au Maroc. Comme je l'ai dit, le site de Tikjda est attrayant. » Séances d'entraînement, massage, sauna et sieste, le programme était suivi à la lettre. On avait l'impression que ce groupe s'entraînait ensemble depuis plusieurs années. A la question du journaliste de L'Equipe de savoir si le stage (algéro-français) déboucherait sur un échec, Baâla a répondu : « Dans la vie, il faut parfois prendre des risques, et si ça ne marche pas, on aura au moins tenté cette nouvelle expérience pour préparer la saison 2009. » A une autre question de savoir est-ce qu' un jour il opterait pour les couleurs algériennes, Baala a indiqué : « Je continuerai toujours à courir sous les couleurs de la France qui m'a tant donné. » Concernant les prochains stages en compagnie des athlètes algériens, Baala enchaîne : « Comme convenu, nous poursuivons notre préparation avec le groupe de Brahmia. A Alger, sur les hauteurs de Tamanrasset, ou à Abha (Arabie Saoudite), etc. » La première priorité pour Baala demeure la préparation des mondiaux d'athlétisme qui auront lieu à Berlin au mois d'août 2009. « Contrairement à mes habitudes, je vais faire quelques compétitions en salle avant d'entamer des compétitions en plein air. Je ferai l'impasse sur les championnats d'Europe en salle qui se tiendront à Turin les 8 et 9 mars et sur les JM prévus en Italie », conclut Baâla. « Le groupe d'athlètes algériens n'a dû son salut qu'à son association avec le GSP pour effectuer le premier stage de la saison sur les hauteurs de Tikjda », souligne, par ailleurs, l'entraîneur, Amar Brahmia. Ce dernier affirme ignorer le devenir de la préparation de ses athlètes. « A la veille des JM de Pescara (Italie) et des championnats du monde, les représentants algériens sont livrés à eux-mêmes. Si la situation n'est pas débloquée dans les prochains jours, l'objectif des JM et des mondiaux tombera à l'eau. Avec les moyens mis à notre disposition par le GSP, mes athlètes ne peuvent préparer que les échéances nationales. C'est inadmissible de vouloir juger à chaque fois les résultats de l'élite algérienne alors que celle-ci ne possède pas les moyens les plus rudimentaires. Il est temps de mettre fin à l'aventure qui perdure, où l'élite effectue des stages sans la présence d'un médecin et d'un kinésithérapeute. Pourtant cela n'existe pas dans les autres disciplines, telles que le football, le handball et j'en passe. Bien sûr, je ne parle pas aussi des entraîneurs nationaux qui ne perçoivent pas leur salaire, à l'exception de celui versé par la structure qui les emploie », se lamente Brahmia. A signaler que le grand quotidien sportif L'Equipe a dépêché un journaliste et un photographe pour faire un reportage sur Baala et Mehdi. L'envoyé spécial de L'Equipe, Marc Ventouillac, qui visite pour la première fois l'Algérie, a mis l'accent sur l'hospitalité algérienne, tout en louant le site de Tikjda. Sincèrement, je repars avec de bons souvenirs. J'ai trouvé des gens bien. Le camp d'entraînement de Tikjda est également bien, mais il sera encore mieux avec l'infrastructure médicale de haut niveau. Il faut que les athlètes aient un staff médical à leur portée en permanence. La construction d'une piscine dans ce pittoresque endroit est aussi nécessaire pour les sportifs. J'ai remarqué aussi que ce lieu est dépourvu de moyens de communication, comme l'Internet ou les cabines téléphoniques. Je n'omettrai pas aussi de rendre hommage au président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf » a évalué l'envoyé spécial de L'Equipe.