L'une des figures de proue de la musique kabyle, le chanteur engagé algérien Brahim Izri, vient de disparaître prématurément, à l'âge de 51 ans, lundi soir, à l'hôpital Hôtel-Dieu de Paris, des suites d'une longue maladie. Celui qui avait fait ses premières armes artistiques aux côtés d'un certain Idir en l'accompagant à la guitare sur le standard Avava Inouva (remember Mohamed Benhamdouche) et plus tard en guest-star en posant sa voix à l'unisson avec Maxime Le Forestier, Idir et Karim Zyad aux percussions sur le titre Tizi Ouzou dans l'album Identités de Idir, a tiré sa révérence au grand dam de ses admirateurs et autres amateurs de bonne musique, comme dirait Jean-Jacques Goldman. Natif de Beni Yenni (Tizi Ouzou) en 1953, Brahim Izri, fera ses master classes parmi des formations comme Issoulas ou Igoudar. Alter ego d'Idir, il s'exilera , en 1976, à Paris, et côtoiera Arezki Baroudi ainsi que d'autres chanteurs de la diaspora algérienne. Après quatre années de mise à contribution par Idir, il décidera de prendre son propre envol en éditant un album, un premier jet ayant révélé les premices d'un interprète au talent prometteur et d'éventuel arrangeur et musicien. Lors de la fameuse fête de la jeunesse, célébrée en juillet 1985, Brahim Izri sera de la partie, aux côtés de Raïna Raï, Alpha Blondy, Karim Kacel, King Sunny Adu, Salif Keita, T34, Eddy Palmieri, Kassav, et ce, en se produisant avec les membres de son groupe, dont sa femme Nano, s'occupant de la présentation chorégraphique. Brahim Izri s'amendera avec le temps en devenant un instrumentiste avéré, s'étant inspiré d'une direction orchestrale mariant des percussions(derbouka...), des sections violons et cordes traditionnelles du mandole, pour le cachet populaire. Aussi, se distinguera-t-il de par des reprises et des compositions mélodieuses, mélodiques, délicates et intelligentes, voire inspirées. La teneur de ses textes à forte caisse de résonance porte sur la question identitaire amazighe, un militantisme pour les causes justes, nobles et aux vertus universelles ainsi que le questionnement existentiel juvénile et rebelle contre l'establishment. L'on se rappelle de son cri du cœur au verbe haut et fort : « Libérez Abrika et ses compagnons de combat... » en entonnant Tizi Ouzou avec Kamel Hamadi, Idir, Akli Yahiaten, Baâziz, Takfarinas...Il était l'auteur de plusieurs K7 et CD dont L'bordala faisant dans la veine revendicative des libertés. On ne se refait pas quand on s'appelle Brahim Izri. Big respect ! Un hommage devait lui être rendu, hier à Paris, par la radio maghrébine Beur FM, en présence de Ferhat M'henni, Takfarinas ou encore le compositeur Farid Aouameur. La levée du corps et l'inhumation seront effectués respectivement vendredi et samedi prochains à Tizi Ouzou.