L'héritage devient de plus en plus une source de conflit et de déchirement familial. Les désaccords se terminent souvent devant un tribunal. Et les procès prennent parfois l'allure d'un feuilleton interminable. C'est bien le cas de cette affaire qui envenime depuis 24 ans les relations entre les héritiers d'une même (grande) famille à Draria. Il s'agit bien de la famille Kechida, divisée entre les descendants de Ahmed et ceux de M'hamed. L'affaire, qui a commencé par l'ouverture d'un procès en 1984, suivi de plusieurs décisions de justice tranchant en faveur des héritiers de M'hamed, est loin de connaître son épilogue. Insatisfaits des différents jugements rendus par la justice, les héritiers de Ahmed saisissent le premier magistrat du pays par le biais d'une lettre dont une copie nous a été transmise. Dans cette lettre, ils souhaitent que le chef de l'Etat intervienne pour « leur rendre justice ». La source du conflit est une parcelle de terrain de 3200 m2 (selon les héritiers de Ahmed) et de 3500 m2 (selon les héritiers de M'hamed). Les premiers disent qu'elle appartenait à leur grand-père Ahmed. Les seconds affirment, de leur côté, qu'elle était plutôt propriété de leur grand-père M'hamed qui, suite à son installation au courant des années 1930 à Chéraga, l'avait laissée « à son neveu Ahmed ». Pour étayer leurs propos, ils exhibent des documents et font référence aux différents jugements de justice tranchant en leur faveur. Outre le verdict du tribunal de Chéraga prononcé en 1985, les héritiers de M'hamed parlent de jugements conservatoires en référé qui ont été prononcés en 1990 et en 1992, interdisant à la partie adverse toute construction ou transcription du terrain en litige. Les héritiers de Kechida Ahmed, quant à eux, précisent, entre autres, que leur grand-père avait effectué un échange de lots de terrain avec la propriété Feminias en octobre 1926, tout en attestant avoir présenté à la justice l'acte de cet échange. Ce que rejettent les héritiers de M'hamed qui insistent sur le fait que l'échange a été effectué avec leur ascendant M'hamed parce que la propriété de son cousin Ahmed se trouvait à l'intérieur d'un terrain qu'il s'apprêtait à vendre. Les héritiers de Ahmed arguent que la justice a eu à entendre des « témoins pouvant se prononcer sur la légalité d'appartenance du terrain en litige ». Ces témoins, affirment les héritiers de Ahmed dans la lettre adressée au chef de l'Etat, ont été entendus lors d'une enquête effectuée en 2001 à la demande de la cour de Blida. Et d'après leurs déclarations, Kechida Ahmed occupait bien ce terrain depuis les années 1930. Ses héritiers considèrent ainsi ces témoignages, mentionnés dans un procès-verbal, comme une preuve appuyant leur « cause ». Mais pour les héritiers de M'hamed, « cette enquête n'a rien apporté de plus dans la résolution de la problématique de la possession », puisque le plus âgé des témoins est né en 1925. En effet, en 2007, la cour de Blida a confirmé le jugement de 1985 en leur faveur. Jugement que rejettent les héritiers de Ahmed qui ont fait un pourvoi en cassation. Ainsi, si les héritiers de M'hamed semblent être satisfaits de l'issue de cette affaire, l'autre partie, quant à elle, réclame toujours la parcelle de terrain. Il faut dire que les bureaux des juges débordent de telles affaires.