L'Algérie maintient la pression dans l'affaire du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, interpellé le 14 août dernier à Marseille et placé sous contrôle judiciaire par la justice française pour complicité, dans l'assassinat à Paris en 1987, de l'avocat algérien André-Ali Mecili. Quelques jours seulement après les récentes déclarations fracassantes à Paris de Djamal Ould Abbas, ministre de la Solidarité nationale et de la Communauté nationale à l'étranger, menaçant la France dans des termes à peine voilés que l'Algérie saura tirer les conséquences de cette affaire qui fait l'objet, selon Alger, d'une instrumentalisation politique éhontée, une source diplomatique algérienne à Paris confirme la volonté de l'Etat algérien de passer désormais à une phase offensive dans le traitement de ce dossier. Première conséquence immédiate de cette affaire : côté algérien, on n'écarte pas l'éventualité de l'annulation de la visite d'Etat que devrait effectuer le président Bouteflika à Paris dans le courant du premier trimestre 2009. Un message clair adressé aux autorités françaises traduisant la volonté de l'Algérie de tout mettre en œuvre pour se faire entendre. Y compris en mettant dans la balance les bonnes relations économiques et commerciales liant les deux pays. Pour la source diplomatique algérienne, Mohamed Ziane Hasseni, qui ne cesse de clamer son innocence et qui se trouve sous contrôle judiciaire sur la foi d'aveux d'un ancien militaire déserteur, a fourni toutes les preuves confirmant qu'il est victime d'une cabale montée de toutes pièces : les tests ADN auxquels il a accepté de se soumettre, l'authentification de son état civil attestant qu'il n'est pas la personne que la justice française recherche. Cela, il l'a fait alors qu'il était censé être protégé par l'immunité diplomatique qui ne peut être, en règle de droit, levée que dans le cas de flagrant délit. Un camouflet que l'Algérie a encaissé, dans le silence, pour donner une chance à la diplomatie de reprendre ses droits dans cette affaire. La défense du diplomate algérien ne cesse de rappeler un principe fondamental de droit, selon lequel un prévenu est présumé innocent jusqu'à ce que la justice apporte la preuve de sa culpabilité. Or, dans cette affaire, la seule « pièce à conviction » versée au dossier réside dans des aveux qu'il faut prendre comme tels d'un ancien militaire, sur lesquels la justice française a bâti toute l'instruction. La lenteur avec laquelle ce dossier est géré par la justice française fait peser sur elle de sérieux soupçons de partialité et de manipulation. Quatre mois après l'interpellation du diplomate algérien, l'ancien officier algérien Mohamed Samraoui n'a pas été convoqué pour être confronté à Mohamed Ziane Hasseni.La confrontation – si elle a lieu – est finalement prévue pour le 16 décembre prochain. L'instruction du dossier aurait dû commencer par là. C'est le chemin le plus court et le plus indiqué pour aboutir à la manifestation de la vérité. La justice française a choisi de prendre le dossier à rebrousse-poil. Pour quels desseins ? La justice française qui sait, sur la base des éléments du dossier en sa possession, que M. Hasseni n'a rien à voir avec les accusations portées contre lui, semble vouloir utiliser le diplomate algérien comme monnaie d'échange pour ouvrir le dossier judiciaire de l'assassinat d'Ali Mecili. Et forcer la main aux autorités algériennes en vue de les amener à apporter leur collaboration pour faire la lumière sur cet assassinat imputé par la famille et certains milieux aux services spéciaux algériens.