L'hiver s'annonce rude cette année au vu de la vague de froid qui sévit un peu partout. Ceux qui en pâtissent le plus sont les personnes sans domicile fixe, ou SDF, squattant les arcades, les gares routières et ferroviaires et d'autres quartiers de la ville de Skikda. Leurs histoires diffèrent d'un individu à un autre ; certains ont été rejetés par leurs proches, d'autres ont quitté le domicile et la précarité dans laquelle ils vivaient, se retrouvant désormais livrés à eux-mêmes. Ils recourent alors à la mendicité et au vagabondage, deux fléaux contre lesquels les services de la direction de l'action sociale luttent, en priorité. Pour ce faire, un vaste programme initié par le ministère de la Solidarité est mis sur les rails, en étroite collaboration avec la direction de la santé, les agents de la sûreté, ceux de la Protection civile, le Croissant rouge et des représentants de la daïra et de l'APC pour le ramassage de ces SDF. Des sorties sont effectuées à partir de 21 h, et ce quatre à cinq fois par semaine afin de venir en aide à ces personnes. Une fois repérées, elles sont placées dans des foyers d'accueil, ceux pour personnes âgées et handicapées, en l'occurrence. Lorsqu'une pathologie mentale est détectée par le médecin, la personne atteinte est tout de suite transférée vers le centre psychiatrique d'El Harrouch. On dénombre, depuis le début de l'année en cours, 28 personnes soustraites à la rue, à qui il a été offert un lit, de la nourriture et des vêtements chauds. « La majorité des personnes que nous avons recueillies viennent des wilayas de Guelma, El Tarf et Souk Ahras », fera savoir Tarek Belgat, psychologue au niveau de la Das. Leur séjour au foyer est, le plus souvent, de courte durée ; elles finissent par retourner à la rue, et dans ce cas, le recours à la force pour les retenir est exclu. C'est donc un travail de longue haleine que mènent les services de la DAS. A ce propos, le psychologue expliquera : « Le travail ne s'arrête pas seulement au ramassage et à l'hébergement de ces personnes, loin de là ; ce qui nous intéresse c'est de réussir leur réinsertion familiale et sociale. Ainsi, et après chaque opération, une réunion est de suite organiséee par le comité interne de la DAS afin de procéder à une enquête sociale, prendre attache avec leurs proches et tenter de renouer le contact ». Toutefois, la prise en charge de cette frange de la société n'est pas une mince affaire, et l'absence de centre spécialisé rend la situation encore plus difficile, sachant que la cohabitation avec les personnes âgées n'est pas des plus évidentes. « Ces personnes sont parfois agressives, et sont difficilement maîtrisables », dira une assistante d'éducation du centre des personnes âgées et handicapées. Et d'ajouter : « Elles se sont habituées à vivre dans la rue, et rares sont celles qui arrivent à changer ; nous leur offrons toutes les commodités, douches vêtements propres et nourriture, mais elles refusent de rester plus longtemps ».