Deux ressortissants marocains ont franchi, dans la nuit de vendredi à samedi, la frontière algérienne au lieudit Oum Soba, à environ 250 km de Hassi Lakhbi. Selon des sources bien informées, les gardes-frontières en mission de surveillance dans la région ont, après les sommations d'usage à ces deux étrangers qui tentaient de prendre la fuite, ouvert le feu sur eux. L'un d'eux a succombé à ses blessures alors que son acolyte, grièvement blessé, a été évacué vers l'hôpital de Tindouf, indiquent les mêmes sources. Les gardes-frontières ont récupéré deux paires de jumelles et un téléphone satellitaire Thuraya. Il n'est pas exclu que les deux individus neutralisés soient des complices des narcotrafiquants. Mais pour certaines sources, il est possible aussi qu'ils fassent pas partie d'un groupe terroriste. Il y a quelques jours seulement, les gardes-frontières ont saisi, à Tindouf, 8,7 tonnes de kif traité d'origine marocaine (le Maroc est le plus grand producteur de kif au monde) ainsi qu'un important arsenal : un fusil mitrailleur avec 470 cartouches, 4 pistolets mitrailleurs avec 16 chargeurs et 901 cartouches, un téléphone satellitaire Thuraya et un appareil GPS. Lors de cette opération, deux convoyeurs de drogue ont été arrêtés alors que leurs complices ont réussi à prendre la fuite. C'est, en fait, la plus importante prise jamais faite par les services de sécurité dans la région. 8700 kg de drogue, c'est énorme ; le matériel de guerre utilisé par les narcotrafiquants également. Plus inquiétant encore est l'ampleur qu'a tendance à prendre, ces derniers temps, la contrebande aux frontières ouest et les connexions qu'elle pourrait bien avoir avec les réseaux terroristes dans la région. Les deux semblent en tout cas faire bon ménage tant la survie de l'un dépend de celle de l'autre. Ce n'est certainement pas un hasard si des groupes armés affiliés à Al Qaïda au Maghreb se manifestent souvent, ces derniers temps, aux frontières ouest bien qu'aucun acte terroriste n'ait été signalé dans cette région depuis bien longtemps. La mise hors d'état de nuire, vendredi dernier à Maghnia, de deux terroristes – deux frères ayant rejoint les rangs de l'organisation de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussaab Abdelawadoud en 2005 – renseigne que l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) n'y a pas perdu pied. Il ne serait pas faux de dire que le terrorisme, le trafic de drogue et la contrebande seraient tentés, si ce n'est déjà fait, d'établir les mêmes passerelles entre eux que celles que ces fléaux ont pu se tisser dans la région du Sahel où la jonction entre les réseaux trouve son compte dans l'instabilité au nord du Mali. Car souvent, les tensions régionales rendent difficiles la lutte contre ces phénomènes qui menacent la sécurité de tous les pays de la région.