On aura tout vu. Stupéfiants, faux billets, armes, tous les trafics se banalisent, deviennent monnaie courante. De fait, depuis quelque temps, la presse se fait l'écho de nouvelles graves, qui donnent froid dans le dos. Des ateliers de fabrication d'armes, tel celui débusqué à Collo, donnant à vendre une kalachnikov en lui fixant même le prix de 80 millions de centimes, et bien d'autres encore. Des armes de fabrication artisanale ou celles ayant franchi les frontières sont bel et bien là. Certes, les forces de sécurité, tous corps confondus, font ce qu'elles peuvent. Mais tout un chacun sait aussi que les réseaux démantelés peuvent en dire long sur ce qui demeure encore en activité, c'est-à-dire la face cachée de l'iceberg. On sait bien que nos frontières sont des passoires, ouvertes à tous les vents, mais au point où l'on est arrivé, c'est le bouquet ! Un point où le laxisme de certains en est la principale cause, oui, laxisme, mais aussi, je-m'en-foutisme, implication (du fait ou pour la corruption) de certains milieux influents ou ceux chargés de la sécurité du pays… Comme on le dit si bien : gouverner, c'est prévoir. Si, en amont, le travail réfléchi, scientifique — (des cadres visionnaires, il y en a chez nous, pardi !) — se fait dans les règles, l'on peut ne pas attendre que les trafiquants viennent frapper à la porte des forces de sécurité. Sinon, l'on peut assister, si on ne le fait pas déjà, à une spirale vertigineuse : on en prend des réseaux aux filets, il en sort d'autres, sans compter ceux qui déjà pullulent. L'observateur averti pense à la sarabande active de l'underground, aux enquêtes qui pourraient y être menées et à l'étouffement dans l'œuf de tout trafic.Par ailleurs, parallèlement, le côté social doit être le souci number one de l'Etat, l'essence même de son existence. Si des initiatives et autres mesures ne suivent pas, les mutations que connaît la société, et n'arrivent pas à point nommé, il faut, bien entendu, s'attendre à des phénomènes de ce genre, voire pire. Il y a peu, les Algériens vivaient une embellie argentée à la faveur du prix du pétrole, mais tous les horizons leur restaient bouchés. Arrive maintenant la récession mondiale, et inexorablement ils le seront un peu plus. Des bataillons de chômeurs battent le pavé, livrés à toutes les tentations, à tous les risques, et là tout sera bon à prendre, n'est-ce pas ? Et puis, l'appât du lucre pousse certains à tout ce qui est prohibitif, interdit, au risque suicidaire. Alors, qu'a-t-on fait ? Et que fait-on ?