Trafic simple de monnaie, réseaux parallèles de blanchiment d'argent, de financement du terrorisme, le rôle des douanes algériennes à déjouer ce genre de manœuvre criminelle…Ce sont autant de questions que soulève le récent coup de filet des services de police français. Ils viennent de démanteler une grave affaire de trafic de monnaie à destination de l'Algérie. On parle de « l'une des plus importantes affaires de fausse monnaie en France ces dix dernières années». Un groupe de douze personnes qui se recrutent dans les « milieux du banditisme » a été mis en examen pour association de malfaiteurs et contrefaçon. Le réseau était surveillé depuis début avril. Il s'agit de centaines de millions de dinars mais, deux millions d'euros déjà écoulés. L'imprimerie sise à Lyon, utilisait du papier fiduciaire algérien, provenant d'un vol à main armée perpétré à Marseille en 2006. Il s'agit de savoir comment les billets étaient écoulés en Algérie, à travers des réseaux relais ou autres et la capacité des organismes de contrôle à intercepter ce genre de trafic. Pour les banques, un responsable nous a assuré que les banques commerciales « ont la capacité de contrôler et de débusquer toute fausse monnaie sur le marché », rassure-t-il. De plus, ajoute-t-il, « la fabrication de la monnaie est locale et relève de l'autorité de l'Hôtel de Monnaies », c'est à dire par la Banque d'Algérie. En clair, l'Algérie ne fait pas fabriquer sa monnaie à l'étranger comme certains autres pays, ce qui pourrait « favoriser des pratiques frauduleuses ». Les trafiquants ont cependant bien « utilisé », selon les enquêteurs, du papier monnaie algérien provenant probablement de vol. Le trafic de monnaie à partir de la France a toujours été florissant notamment en monnaie CFA qui est convertible et qui couvre la zone ouest africaine, alimentée par les travailleurs émigrés. Plusieurs pays de cette zone en ont été victimes ce qui a précipité le retrait de certains billets de banque pour être remplacés. Toutefois, ce genre d'opération est facilité par l'existence de commandes officielles auprès de ces imprimeries qui peuvent s'investir dans le faux. Le trafic de la fausse monnaie est aujourd'hui dominé également par les réseaux du banditisme et du terrorisme et cache des enjeux de blanchiment d'argent. Ce qui pousse aussi certains pays à des mesures restrictives Avec le développement de procédés de fabrication sophistiqués, notamment par l'utilisation de chaîne graphique, composée de scanner, logiciel de retouche d'image et imprimante, cela devient monnaie courante. Le trafic touche surtout les pays du tiers monde, les pays de l'Est et vise la devise très demandée sur le marché parallèle. Dans le cas de l'Algérie, l'opération est favorisée surtout par l'existence d'une forte communauté nationale émigrée qui alimente le change parallèle. Selon un banquier, « c'est l'existence du bas de laine chez nous qui peut soustraire à la vigilance la circulation de la fausse monnaie ». Mais, à combien estime-t-on la taille du marché de la fausse monnaie en Algérie ? On ne le saura jamais avec précision. Des saisies sont opérées de temps en temps par les services de sécurité. Ces sommes colossales alimentent le marché, sans éveiller le moindre soupçon car elles transitent hors du circuit bancaire. Le coup de filet cette fois-ci frappe à la source avec le démantèlement des unités de fabrication de ces billets, le tout est de savoir au profit de qui ces commandes étaient destinées. Avec ces enjeux, le moins que l'on puisse dire est qu'une mesure telle l'interdiction des moyens de paiements directs, c'est-à-dire hors circuit bancaire, vient à point nommé pour atténuer la chance de voir le trafic atteindre des proportions importantes avec à coup sûr la « déstabilisation du système bancaire national et de notre économie d'une façon générale.»