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« Impossible de prendre une décision aussi grave sans en référer au président de la République » Aboud Hicham (Ancien officier de la Sécurité militaire)
Vous avez désigné nommément Chadli Bendjedid et Larbi Belkheir comme étant les responsables au plus haut niveau de l'assassinat de Ali Mecili. Ce sont donc les commanditaires. Sur quoi est basée cette affirmation et pourquoi, d'après vous, ces deux personnalités ont-elles décidé l'élimination de l'opposant, membre du FFS ? Si l'on considère que l'assassinat de Ali André Mecili est un assassinat politique, il serait fallacieux d'accuser un officier subalterne de commanditer, exécuter et financer le meurtre d'un homme avec lequel il n'a aucune relation particulière. Un assassinat politique ne peut être décidé et commandité que par les plus hautes instances politiques du pays. Si Hassani Rachid avait été le commanditaire de l'assassinat de Mecili en 1987, il aurait subi les pires sanctions dès que fut cité son nom par la presse française. Or, les autorités algériennes l'avait couvert et il ne fut nullement inquiété puisqu'il n'était qu'un simple exécutant d'un ordre venu de la présidence de la République. Quelles sont mes preuves pour mettre en accusation la présidence de la République ? Ce n'est pas d'aujourd'hui que date mon accusation contre le général Larbi Belkheir. Dans l'interview que j'avais accordée à l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur en juin 2001, j'avais rapporté ce que m'avait dit le capitaine Hassani Rachid lors d'un dîner familial. Selon Hassani, le général Lakehal Ayat, alors directeur central de la sécurité militaire, avait réuni un certain nombre d'officiers de son staff, dont Hassani Rachid, pour leur donner des instructions reçues lors de la réunion qu'il venait d'avoir avec le général Larbi Belkheir. Après la publication de l'interview, le général Larbi Belkheir a déposé plainte pour diffamation publique. Au juge d'instruction, M. Vallat, qui m'a auditionné à ce sujet, j'ai maintenu mes déclarations tout en demandant une confrontation avec le général Belkheir. Ce dernier a refusé la confrontation et, du coup, il a été débouté par la justice. Ce qui fait que mon accusation est fondée, comme me l'a souligné dernièrement le juge Thouvenot. Ceci en ce qui concerne le général Larbi Belkheir. Pour ce qui est du président Chadli Benjedid, il serait malhonnête de ma part de coller l'accusation au seul général Larbi Belkheir qui était secrétaire général de la Présidence. Ceux qui connaissent les rouages du système algérien vous diront qu'il est impossible de prendre une décision si grave sans en référer au président de la République. Il aurait été facile pour moi de tout mettre sur le dos du général Lakehal Ayat, qui n'est plus de ce monde. Mais, je sais qu'au jour du jugement dernier, je répondrais de mon témoignage devant Dieu Tout-Puissant. Existe-t-il des zones d'ombre autour du meurtrier présumé de Mecili, Abdelmalek Amellou en l'occurrence, que la justice française avait arrêté puis expulsé vers l'Algérie ? La seule zone d'ombre autour du meurtrier présumé de Mecili concerne l'attitude des autorités françaises de l'époque. Juste après son arrestation par la police française, Abdelmalek Amellou a été expulsé vers l'Algérie sur instruction du ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, et de celui de la sécurité, Robert Pandraud. Ce qui est troublant, aussi, c'est le silence assourdissant de la presse française, d'habitude si férue de ce genre d'évènements et qui n'évoque nullement le rôle de ces deux ministres qui ne sont pas sollicités dans le cadre de cette affaire. Personne ne leur a demandé les raisons qui les ont amenés à expulser l'assassin. André Mecili était, rappelons-le, un ressortissant français. Son épouse et ses enfants sont français. Bizarrement, cela ne semble pas intéresser les Français, puisque même sa famille ne se manifeste pas pour que soit révélée la vérité sur son assassinat. Cette affaire a connu quelques rebondissements avec votre déposition. Pensez-vous que les autorités algériennes l'ont mal gérée puisque même innocent, selon vous, le diplomate Hasseni reste toujours sous contrôle judiciaire ? Dans ma déposition, dont le résumé peut être consulté sur www.racinesdoutremed.com, j'ai été catégorique et je n'ai pas laissé planer le moindre doute. Hasseni Mohamed Ziane n'a absolument rien à voir avec l'assassinat de Ali Mecili. S'il demeure sous contrôle judiciaire même si mon témoignage l'innocente, la raison est connue de tous. L'Algérie est dirigée par des nains qui l'ont réduite à leur niveau. Des nains qui excellent dans la répression du petit peuple et des journalistes qui osent braver la loi de l'omerta. Des nains qui me condamnent à la prison pour avoir dénoncé, preuves à l'appui, un tortionnaire qui a abusé des biens du peuple alors qu'ils auraient dû ouvrir une information judiciaire. Autre raison de la mauvaise gestion du dossier de Hasseni Mohamed Ziane : ce mandat d'arrêt international lancé contre Mohamed Samraoui qui est à l'origine de toute cette affaire. En invoquant le mandat d'arrêt international, Samraoui s'évite la confrontation avec ses contradicteurs après s'être mis à l'abri des poursuites judiciaires pour complicité dans l'assassinat de Mecili puisque c'est sous sa protection qu'était placé Abdelmalek Amellou, l'assassin. Je profite de cette occasion pour demander aux autorités algériennes de lever en urgence ce mandat d'arrêt international contre Samraoui pour qu'il puisse se rendre en France, chez le juge Thouvenot, afin que la vérité soit enfin révélée. Rien ne justifie ce mandat d'arrêt international. Mohamed Samraoui n'est pas le seul officier à avoir déserté. En exil, il s'est imposé le silence durant six années et c'est moi qui l'ai contraint à rompre le silence. Un silence rompu par un livre qui n'a pas eu le succès escompté et une apparition sans suite sur la chaîne Al Jazeera. Le sort de Hasseni Mohamed Ziane est fortement lié au mandat d'arrêt international qu'invoque Samraoui pour maintenir ses fausses accusations. Seule une confrontation avec Hasseni devant le juge mettrait un terme à cette affaire qui n'a que trop duré et qui est une humiliation de plus pour notre pays.