Lancé en avril 2005, le projet d'Euromed Héritage « Qantara-patrimoine méditéranéen : traversées d'Orient et d'Occident » doit être bouclé à la fin de l'année en cours. Le pilotage de l'opération est confié à l'Institut du monde arabe à Paris. Elle touche neuf pays, à savoir la France, l'Espagne, l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Jordanie, le Liban, l'Egypte et la Syrie. L'objectif est de constituer une base de données d'éléments du patrimoine méditerranéen, entre autres objets d'art, sites, monuments, architecture, techniques et savoir-faire couvrant une période s'étendant de l'avènement de l'Islam en Afrique du Nord à la chute de l'Empire ottoman. Et cela, à l'effet de montrer et illustrer les phénomènes d'interférence qui se produisent et se propagent dans ces parties de la Méditerranée. Et traduisent la fécondité des échanges et les passerelles existant entre les deux rives de ce littoral, au-delà des contraintes historiques et des différences religieuses. Ainsi, dans une conférence animée hier au Palais des Raïs, au Bastion 23 (Alger), Mourad Betrouni et Bruno Airand, respectivement directeur de la conservation et de la restauration du patrimoine culturel algérien au ministère de la Culture et chargé de la programmation de Qantara de l'Institut du monde arabe, ont dressé le bilan de ce projet qui a coûté une enveloppe de 3,5 millions d'euros. La Commission européenne y a contribué à hauteur de 80%, selon les deux responsables. Dans son intervention, Mourad Betrouni relève que ce projet « nous a permis de recenser des fonds artistiques du littoral méditerranéen à travers lesquels nous pouvons connaître ce qui lie les peuples de cette partie du monde sur les plans identitaire et civilisationnel ». Une base de données concernant ce patrimoine est constituée, selon le même responsable, dans le but de « promouvoir l'étude, la préservation, la mise en valeur et la vulgarisation, tant auprès des populations locales que du reste du monde ». Pour mettre à « la disposition du grand public et des spécialistes cette base de données, nous avons ouvert un site internet, organisé sept expositions en Espagne, France, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie et en Algérie. Nous avons accueilli l'exposition ici au Bastion 23, le 23 novembre dernier. Elle s'étendra jusqu'au 31 janvier prochain. Nous pensons l'organiser dans toutes les wilayas du pays. Comme un livre sur cet héritage recensé est publié dans quatre langues, à savoir l'arabe, le français, l'anglais et l'espagnol ». De son côté, Bruno Airand indique que durant cette opération, il est recensé 800 sites, monuments et objets. Aussi, « nous avons conçu dix cartes historiques, élaboré 300 fiches transversales et pris 3500 photos. La transversalité consiste à identifier et à montrer les liens entre sites, monuments et objets. Elle permet ainsi de connaître les influences réciproques des différentes civilisations ayant marqué le bassin méditerranéen. De ce fait, le projet Qantara porte un message de tolérance et de paix ».