Trois terroristes ont été abattus par les forces de sécurité dans la région de H'madena, à Relizane, tard dans la soirée de samedi, a-t-on appris de source sécuritaire. L'information aurait pu être banale n'étaient les deux ceintures d'explosifs et la carte des cibles prévues qui ont été saisies à l'issue de l'opération. En effet, selon nos sources, les trois terroristes constituaient la section dépêchée par l'émir du GSPC, dans l'Oranie, pour « réanimer » les cellules dormantes de ses réseaux et passer à l'action, en organisant des opérations suicide. Sur la carte de la région ouest, retrouvée sur l'un des trois terroristes, le nommé Fethi Tiarti, très connu pour ses activités criminelles, et ce, depuis près de 10 ans, plusieurs sites officiels, notamment à Oran, sont visiblement encadrés, pour servir de cibles éventuelles aux attentats kamikazes. Trois éléments importants méritent néanmoins d'être relevés, indiquent nos sources : d'abord le fait que les terroristes, bien habillés, utilisent pour leur déplacement des véhicules de luxe ( type Peugeot 407), sur lesquels il est difficile de porter des soupçons, pour passer pour des cadres de l'Etat et éviter tout contrôle au niveau des barrages routiers. Mais cette fois-ci, au barrage fixe de H'madena, situé sur la RN4, à une trentaine de kilomètres du centre de Relizane, les militaires ont fait signe à la 407 de s'arrêter, mais les trois occupants ont répondu par des tirs. Face à cela, les militaires ont riposté tuant sur le coup les trois terroristes. Le deuxième élément, aussi important que le premier, est la découverte, en plus des engins explosifs, de deux ceintures d'explosifs, prêtes à l'utilisation. Dissidences au sein du GSPC Ce qui montre qu'après le recours aux poids lourds, aux véhicules légers et ensuite aux motos, les terroristes ont opté pour les bombes humaines, plus redoutables et très difficiles à contrecarrer. Il est vrai que le GSPC a déjà utilisé la ceinture lors de l'attentat contre la caserne de la garde républicaine au quartier Lido, Pins maritimes, à Alger, l'été dernier. Mais le fait d'un mauvais réglage des ceintures explosives, les deux kamikazes ont été repérés avant même de se faire exploser. Ce dysfonctionnement a précipité leur action. D'ailleurs, les dégâts occasionnés n'étaient pas importants. Visiblement, le dispositif assez draconien de filtrage du flux automobile dans les différents accès aux grands centres urbains et le renforcement des moyens de sécurité des sites officiels et ambassades ont rendu la tâche un peu difficile pour les terroristes. Le troisième élément a trait aux graves dissidences qui minent actuellement le GSPC. Depuis la disparition de ses plus proches collaborateurs et « hommes » de confiance, abattus par les forces de sécurité, comme Redouane Fassila, Al Achaâchi, ou encore Ali Diss, Droukdel fait face à une hémorragie dans ses rangs, gangrenés par le phénomène de la « bleuite », au point où, depuis quelques mois, il fait appel aux anciens du GIA pour leur confier des opérations terroristes à effet médiatique. C'est le cas, par exemple, du retour de Seddouki, un ancien artificier du GIA, qui a réussi à échapper au coup de filet des services de sécurité, en 2003, mené contre la dernière cellule des nombreux attentats aux véhicules piégés commis par le groupe du GIA à Alger et ses environs durant la période comprise entre 1998 et 2003. L'émir du GSPC ou Al Qaïda Maghreb islamique, qui compte, selon des sources sécuritaires, une liste d'une vingtaine de présumés kamikazes, recrutés ces deux dernières années, soi-disant pour rejoindre la résistance irakienne, mais une fois au maquis, ils ont été pris au piège de l'organisation terroriste, qui les utilise comme bombes humaines. Néanmoins, les nombreuses fetwas (textes religieux) des chefs spirituels du courant salafiste, qui ont condamné le recours au terrorisme en général et aux attentats suicide en particulier pour arriver au pouvoir et la dissidence annoncée par le GSPD (groupe terroriste salafiste de prédication et du djihad) qui sévit dans la région de Médéa et Aïn Defla, ainsi que les opérations de repentance de nombreux terroristes, notamment dans le sud du pays, ont créé un climat de suspicion au sein du GSPC, qui bascule de plus en plus vers la voie empruntée par l'organisation mère, le GIA, avant sa décapitation.