Mercredi 12 novembre, les deux chambres du Parlement ont voté à main levée la révision de la Constitution qui permet au président Bouteflika de briguer un 3e mandat. Tous en rangs serrés derrière Abdelaziz Bouteflika ! Spectacle de désolation politique qu'offre l'Algérie à la veille du jour où les parlementaires votent une révision « partielle et limitée » de la Constitution. Associations de femmes, scouts, moudjahidine, syndicats toutes les structures d'encadrement des foules battent le rappel comme du temps de l'Algérie monolithique des années 1970. Idem pour les partis politiques de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et les islamistes du MSP) qui se pâment devant l'audace de Bouteflika. « Au moins, en 1996, lorsque la Constitution a été amendée, il y a eu un débat politique. Aujourd'hui, le régime ne met même plus les formes » déplore, amer, un journaliste. Dans ce contexte, l'issue du vote des parlementaires n'a pas réservé de surprise : 500 voix pour, 21 contres et 8 misérables abstentions. Au programme notamment des réjouissances : la fin de la limitation du nombre de mandats présidentiels qui permettra à Bouteflika de briguer un troisième mandat. Rusé renard, le président Bouteflika aura attendu la dernière minute pour faire passer son projet de texte. Il a laissé passer le Ramadhan ainsi que la rentrée judiciaire de fin octobre. Et puis il fallait surtout que les « décideurs », qui fonctionnent sur la base de la collégialité, tombent tous d'accord sur la prolongation du bail de Bouteflika à El Mouradia. Mais avant cela, il y avait le renvoi, en juin 2008, du chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem. Flash-back. La situation sécuritaire est alors exécrable et le pays connaît une violente campagne d'attentats terroristes. L'islamo-conservateur assumé, Belkhadem, devient encombrant pour un Bouteflika qui redoute que le pouvoir exécutif apparaisse comme pactisant avec les islamistes. Le 23 juin 2008, Ahmed Ouyahia est nommé Premier ministre par Bouteflika, à la place de Belkhadem. Pour Bouteflika, le docile Ouyahia a l'avantage de représenter l'aile pragmatique et moderniste du nationalisme algérien. En ce qui concerne le troisième mandat du président Bouteflika que la révision de la Constitution n'a pas manqué de rendre possible, la seule question reste au fond : quel score officiel obtiendra-t-il en avril 2009 ? Comme d'habitude, ce chiffre fera l'objet de tractations et indiquera le degré de confiance du système à l'égard d'un Bouteflika qui exige d'être « bien » élu. Un score à la soviétique comme en 1999 et en 2004 signifiera le statu quo pour l'Algérie.