Ainsi qu'il fallait s'y attendre, les deux Chambres du Parlement (APN et Conseil de la nation) réunies hier au Palais des nations, à Alger, en session spéciale, ont adopté à la majorité écrasante la loi portant révision de la Constitution initiée par le chef de l'Etat. Hormis le RCD qui a voté contre le projet, le FNA (du moins en ce qui concerne les partisans de Moussa Touati) et Ennahda qui se sont abstenus, les autres formations politiques ont approuvé à main levée le projet tant attendu par les adeptes d'un troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Sur les 523 députés et sénateurs présents à cette cérémonie de vote, en plus des 6 parlementaires qui ont voté par procuration, 500 voix se sont prononcées en faveur de la révision, 21 parlementaires ont voté contre la loi et 8 autres ont opté pour l'abstention. Les amendements apportés à la Constitution permettent notamment au président de la République de briguer autant de mandats qu'il souhaite. Au plan technique, les travaux de cette session spéciale, présidée par Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, ont débuté par la lecture de l'ordre du jour qui comportait le vote du règlement intérieur de la session et la présentation par le chef du gouvernement des amendements apportés à la Loi fondamentale. Une présentation suivie de la lecture de l'avis de la commission mixte du Parlement (APN-Sénat) chargée d'établir le rapport final sur le projet présidentiel et, enfin, le vote de la loi en question. Le règlement intérieur de la session parlementaire a été lu à l'assistance par Messaoud Chihoub, rapporteur de la commission mixte. Une fois sa présentation terminée, il a été soumis au vote : le RCD a voté contre, le PT s'est abstenu et les autres partis l'ont approuvé. Dans un message adressé aux parlementaires, préparé visiblement la veille de la rencontre, lu par M. Bensalah, le président Bouteflika a exprimé sa « fierté » de l'adoption par le Parlement de la loi portant révision de la Constitution. Il a salué « la clairvoyance » de ses membres en plébiscitant « cette démarche louable ». Le chef de l'Etat a qualifié de « mémorable » ce jour où le Parlement, en ses deux Chambres, a démontré encore une fois qu'il représentait l'un des piliers inébranlables de l'édification de l'Etat de droit. Refusant de cautionner la démarche, la formation de Saïd Sadi a préféré quitter la salle de réunion quelques minutes après le vote. « Est-il crédible d'annoncer en début de séance la lecture d'un message du Président qui est prévu d'être lu à la clôture des travaux ? Un message où il félicite les députés qui ont approuvé cette démarche. C'est une insulte aux députés en premier lieu et au peuple plus particulièrement. Il est clair que les dés étaient pipés dès le départ », a lâché rageusement un député du RCD. A signaler que lors de la présentation de la loi, Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, a soutenu que ce projet s'inscrivait dans le strict respect de la volonté souveraine que le peuple a directement exprimée en novembre 1996. « En adoptant la Constitution de 1996, le peuple a défini les éléments de celle-ci, qu'il entend mettre à l'abri de toute révision constitutionnelle, et les a consignés dans son article 178 », a-t-il ajouté, relevant que « le peuple a convenu que tous les autres éléments de la Constitution sont susceptibles de connaître des adaptations à même d'accompagner les expériences et les évolutions de notre pays ». Le chef du gouvernement a affirmé que « cette révision partielle, qui concerne 14 articles relatifs à 5 volets essentiels, vise à renforcer le processus de redressement (...) par le développement de l'assise constitutionnelle de la République algérienne ». A noter que la séance a été levée pour permettre à la commission mixte de jeter un « dernier regard » sur le projet proposé pour adoption. La commission n'a rien trouvé à redire, que de relire les amendements un par un.