Un grand malheur ! Un terrible drame a mis en émoi la population de Constantine. Un chauffage fonctionnant au gaz naturel défectueux a causé, dans la nuit de vendredi à samedi, la mort de six enfants et adolescents issus d'une même fratrie, victimes des émanations d'oxyde de carbone. Pour le situer, ce drame épouvantable s'est déroulé dans les bas-fonds de la cité Boudraâ Salah, plus précisément dans le quartier d'habitats précaires dit Benmegoura situé en contrebas du tristement célèbre tronçon routier qualifié de descente de la mort en raison des innombrables accidents mortels déplorés d'un bout à l'autre de cette chaussée. D'après les témoignages recueillis auprès de proches de la famille Hocini, les six malheureuses victimes étaient entassées dans le lieu le plus convivial de la demeure familiale, attirées par les programmes diffusés sur un poste de télévision et, en cet hiver glacial, par la chaleur dégagée par un fourneau à gaz. Malheureusement, ce dernier allait être fatal à Mohamed, âgé de 4 ans, Nada, 10 ans, Rabah, 12 ans, Khaoula, 14 ans, Messaouda, 18 ans et Lamia, 21 ans. Ils ont été découverts par leur père vers 1h30. Selon les témoignages du chef de famille, mis à part les deux premiers nommés qui présentaient de légers signes de vie, le reste de la fratrie était plongé dans un coma profond. Seul Khaled, 18 ans, endormi dans une chambre voisine, échappera à cette hécatombe, de même que le chef de famille Brahim, 44 ans, et son épouse, une mère inconsolable qui était, d'après des proches de la famille, prostrée, témoignant une douleur et une détresse morale indescriptibles. Emmitouflé dans une kachabia, Khaled, le fils rescapé, est adossé à un mur de la maison familiale, le regard absent, tenant des propos presque inaudibles. Il se culpabilise, refusant ce statut de rescapé, tourné tout entier vers un désespoir presque muet mais tellement fort. Une très forte émotion s'empare alors des témoins de la scène. Il les prend à témoin dans un sursaut de lucidité : « Pourquoi le destin m'a-t-il épargné et emporté mes frères et sœurs ? Ce n'est pas juste. Mohamed était plein de vie et d'énergie. Il attendait avec impatience d'être scolarisé comme Rabah ou Khaoula. » La scène est poignante et l'émotion palpable. Devant le domicile mortuaire, la foule grossit à vue d'œil. Plusieurs cris d'indignation fusent parmi des jeunes riverains : « Comment se fait-il que, malgré les nombreux appels téléphoniques, le 14 n'a pas répondu et pourtant c'est bien un numéro d'urgence. En désespoir de cause, un voisin effectuera deux voyages pour transporter les victimes à l'hôpital. Si les secours étaient arrivés à temps, Mohamed et Nada auraient pu être sauvés. » Usant d'un fatalisme propre à nos aînés, une personne d'un âge vénérable s'interpose pour calmer les esprits. « C'est la main du Destin, il ne sert à rien d'incriminer des tierces personnes. Cela ne rendra pas la vie aux défunts », dit-il.