L'année 2008 aura été marquée, sur le plan climatique, par de fortes inondations qui ont touché de nombreuses régions du pays, particulièrement Ghardaïa où l'arrêt des constructions anarchiques sur le lit de l'oued M'zab et le choix technologique pour maîtriser la violence des crues ont été les deux grands enseignements tirés. Le 1er octobre 2008, de violentes crues ont fait 43 morts et 86 blessés, comme si « deux fleuves superposés » s'étaient soudainement déchaînés. Que d'habitations détruites, d'écoles inondées, de pans de routes effondrés, des parcelles de palmeraie dévastées, au cœur de la vallée du M'zab, ce musée à ciel ouvert classé patrimoine universel. Le temps des enseignements est venu : l'arrêt des constructions sur le lit de l'oued et la construction de bons ouvrages hydrauliques de protection contre les crues. En octobre dernier, aucun ksar millénaire n'a été affecté par les inondations. Ce sont les nouvelles constructions qui l'ont été, à l'image notamment d'une station d'épuration d'eau qui, depuis sa réalisation en 1975 au cœur de l'oued, n'a jamais fonctionné. Après la catastrophe, sur 29 052 logements expertisés par le CTC, 7135 étaient situés en zones inondables. L'arrêt total de cette expansion urbaine a été la grande décision ferme prise dès le premier diagnostic de l'ampleur des dégâts. Au non-respect des normes urbaines s'est greffée l'absence de contrats d'assurance spécifiques aux catastrophes naturelles pour les habitations. Le nombre de souscripteurs de contrats d'assurance contre les catastrophes naturelles (CAT-NAT) dans la wilaya de Ghardaïa ne dépasse pas 500, selon le président directeur général de la société d'assurance, la SAA. L'autre débat récurrent tourne autour de la bonne technologie à employer dans la construction des digues et autres ouvrages hydrauliques censés domestiquer les crues. D'un côté, des membres de l'association des Oumanas Esseil font valoir le savoir-faire traditionnel tel que conçu il y a sept siècles par Cheikh Hamou Oul Hadj. Pour d'autres, notamment des experts de l'Office de la protection de la vallée du M'zab (OPVM, ministère de la culture), la question n'est pas de substituer ce savoir-faire ancestral aux techniques modernes de gestion des eaux, mais de le préserver en tant que patrimoine immatériel qui, toutefois, pourrait contribuer à la recherche des réponses adéquates à tel ou tel dilemme. En fait, le système traditionnel de partage des eaux vise presque exclusivement à répartir d'une manière équitable les eaux de pluie entre les différentes parcelles de la palmeraie. En aucun cas, il n'est un dispositif de protection contre les crues, rappellent de leur côté les spécialistes de la direction de l'hydraulique qui eux tablent sur la haute technologie jugée fiable et viable. Partant de ce principe, un projet, dont l'étude avait été finalisée en 2000 par le bureau suisse Bonard et Gardel (BG), a été lancé. Ce projet « Deux en un » (protection et assainissement des eaux usées) sera bouclé vers 2010, sur une station de traitement des eaux usées par lagunage devant fournir 46 000 m3 d'eau traitée par jour utilisables à des fins agricoles.