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SOS, vallée du M'zab en péril
Ghardaïa. détérioration du patrimoine
Publié dans El Watan le 16 - 04 - 2006

Si dans les jardins de délices de Ghardaïa il suffit aujourd'hui de tendre le bras pour cueillir les fruits parfumés, c'est grâce à la volonté des hommes qui ont arraché du fond des puits l'eau de la nappe phréatique, qui ont aussi et surtout aménagé le génial système de captage des eaux de ruissellement.
Ce système est rationnel, grâce à une parfaite organisation territoriale de la palmeraie, qui s'allonge dans le lit de l'oued. Cet oued attendu, si rare par moment, quoi que tout est prévu pour sa venue. Entre les murs des jardins circulent les chemins d'accès. Lors de la venue de l'oued, ces chemins se transforment en canaux. Mais pas un jardin ne recevra plus d'eau qu'il ne doit en contenir. Trois grands systèmes de captage de l'eau furent mis en place dès l'installation du M'zab en l'an 1048, qui demeurent aujourd'hui sous la haute surveillance des responsables des eaux de ruissellement « Oumanas » de l'oued M'zab. Toutes les éminences rocheuses sont cernées par un réseau de seguias, canaux aux rigoles menant à des réserves, de sorte que pas une goutte d'eau de ruissellement ne puisse se perdre inutilement, même si l'éventualité d'un orage ne pouvait être retenue qu'une ou deux fois par an. Parfois plus, parfois moins. On entreprit ensuite de capter le déferlement de l'oued qui, lui aussi, dépend de la volonté de Dieu et des caprices du temps. A cette fin, on mit sur place un système défensif présenté sous forme de tours de guet, loin en amont de l'oued, destinées à guetter la crue dont on sait aujourd'hui plus que jamais qu'elle peut arriver à une très grande vitesse comme un mascaret, quand un orage éclate et peut provoquer d'énormes dégâts (voir la catastrophe du 2 juin 1991). On aménagea toute une série de retenues, trémies, freins destinés à atténuer la violence des flots, c'est-à-dire les canaliser selon l'importance de la crue et les besoins rationnels de la palmeraie, vers trois niveaux d'écoulement parallèle : Le cour normal de l'oued, si l'eau est vraiment surabondante. b)- Deux cours artificiels déviés, calibrés, dirigés vers une dune de protection dans laquelle des tunnels d'accès à la palmeraie ont été percés (seguias de Bouchémgène, de Takdit,...).
Attention danger !
Une plaine d'épandage et d'infiltration, énorme réserve d'utilisation immédiate (la plaine de Bouchène) destinée à réalimenter la nappe phréatique (le cours souterrain de l'oued M'zab). Il convient de noter que la perfection absolue de ce système d'irrigation des palmeraies de la vallée du M'zab n'est pas cet ensemble de généralités réduites au statut de simples vestiges liés au passé, mais d'un ensemble vivant qui véhicule toute une histoire authentique dont le reflet constitue la volonté de l'homme d'autrefois. Autrement dit, sans que l'homme d'aujourd'hui n'ait besoin de faire quoi que ce soit, un incroyable système perfectionné permet à chaque jardin de toucher équitablement son dû en eaux de ruissellement. Le M'zab et son patrimoine culturel et touristique ont été sauvegardés durant plus de 1000 ans. Aujourd'hui, en danger, ils sont à la merci d'une destruction tous azimuts. Depuis 1970, la vallée s'est métamorphosée, défigurée par un progrès anarchique et des impératifs aléatoires. Or, c'est aussi depuis le 26 juin 1971 que la vallée du M'zab a été classée comme monument et site historique par l'Unesco, mais, en fait qu'en resterait-il ? Qui a aujourd'hui le pouvoir et les prérogatives de s'opposer à des destructions et à des constructions illicites ? Sûrement personne. Ce système d'irrigation de la palmeraie, le plus original qui soit au monde, a lancé ce défi pour le gagner, puisqu'en dépit des maintes alertes de la part des responsables des eaux de ruissellement, ce système subit quotidiennement des destructions au niveau de la palmeraie, à chaque intervention des services de production des eaux (EPEG) et aux passages de dumpers empruntant ces canaux de ruissellement, ensuite en dépit de tous les décrets corrélatifs à la sauvegarde du patrimoine mondial de la vallée du M'zab, qui viennent d'être récemment confirmés par le décret n° 5/209 du 4 juin 2005, on constate la construction de huit barrages, dites « seuils de dérivation ». Ces derniers, projetés à 20 km en amont de la commune de Daïa, ont été conçus par l'APC de cette dernière, en étroite collaboration avec l'association des éleveurs de la même commune. Selon Sedki Amimrat, l'ingénieur chargé du suivi, cet ouvrage est financé par le Haut commissariat au développement de la steppe (HCD de Djelfa), le démarrage des travaux de ces « barrages », jugés pour le moins déplacés, ont été entrepris, selon les représentants des « Oumanas » des eaux de ruissellement, à l'insu du wali sortant, des services de l'Unesco, de l'office de protection et de promotion des sites classés de la vallée du M'zab, des Oumanas des eaux de ruissellement et de l'ensemble de la société civile de Ghardaïa, qui conteste énergiquement l'existence de ces « faux barrages ». En cours de réalisation, ces barrages s'exécutent, semble-t-il, sans la moindre étude d'impact ni d'un choix de terrain adéquat. Selon l'HCDS, ils permettront, semble-il, de créer des zones de rétention de sable pour des pâturages au profit des éleveurs. Parmi les trois barrages déjà réalisés, le plus important achevé à 80 %, d'une largeur de six mètres à sa base, deux mètres à son sommet, sur trois mètres, constitue selon les Oumanas des eaux de ruissellement, un vrai barrage mettant en péril toute une palmeraie ancestrale de Ghardaïa, et par conséquent, l'assèchement de milliers de ses puits, source de l'eau potable desservant l'ensemble de la population de la wilaya. En outre, ces barrages ou seuils de dérivation n'auraient pas répondu aux normes de sécurité. Ils constitueraient un danger certain, non seulement pas pour les valeurs socio-culturelles, mais surtout pour quelque 112 500 habitants (environ) résidant particulièrement dans les communes de Daïa et de Ghardaïa, situées en aval de ses retenus d'eau, au cas où celles-ci, fléchiraient subitement lors d'une forte crue. Par ailleurs, il est à craindre l'autoconstruction individuelle qui se développe et progresse maladroitement étirant et étalant les bourgs millénaires.
Extrème urgence
Chaque bourg s'est ventilé à la base jusqu'au lit de l'oued, poussé par une explosion démographique rapide et par la crise de logement. Toutes ces actions jugées pour le moins hasardeuses et anarchiques risqueraient de casser par endroits toute la subtilité d'une architecture millénaire - Qui est à l'origine de tels massacres ? La direction chargée de l'étude technique des ouvrages à travers la wilaya de Ghardaïa, la direction de la culture, la DSA ou l'office chargé de la protection et de la mise en valeur du site classé ? Pour l'historique, l'atelier d'étude et de restauration de la vallée du M'zab fut créé le 27 janvier 1970, à l'initiative de l'architecte Ravereau. Sa mission était de veiller à la sauvegarde du site classé, c'est-à-dire d'une partie importante du patrimoine culturel du pays. Qu'a-t-il fait depuis sa création ? Dirigé successivement par cinq responsables depuis le départ en 1976 de Ravereau, il avait laissé la vallée se défigurée, tiraillée de chaque côté au fil du temps. L'ex-atelier du M'zab avait donc perdu de son efficacité, son personnel s'était égaré, ses actions se sont presque éteintes. Deux agents de recherche en architecture et un agent administratif étaient les seuls professionnels œuvrant dans des locaux du XVe siècle, dans un état proche de l'ébranlement. Promue au rang de wilaya depuis 1985, Ghardaïa doit répondre à de nouveaux objectifs, à de nouvelles infrastructures qui commencent déjà à briser sa douceur, son architecture humble : les k'sour côtoient les palmeraies. Comment concilier les impératifs pour sauver la célèbre vallée du M'zab, le ministère de la Culture avait trouver la solution adéquate : nouvelle structuration de l'atelier du M'zab, qui par décret n°92/419 du 17 novembre 1992, donne donc naissance à l'office de protection et de promotion des sites classés de la vallée, qui se substitue à l'ex-atelier du M'zab. Aujourd'hui, avec un effectif de 30 personnes dont 5 architectes et ingénieurs, cet office bénéficie d'une totale autonomie, l'office semble se ranimer et retrouver tout son pouvoir. Mais ce n'est guère facile de lutter sans hommes ni moyens. Zouhir Ballou, architecte et directeur de l'office, explique aisément la défiguration successive de la vallée et de son patrimoine culturel et touristique. « En dépit des contraintes et avec les moyens du bord, nous limitons des dégâts, dit-il, nous essayons de faire de la vraie architecture. » Déclaration simple à un problème crucial. Comment l'unique institution serait-elle capable de sauvegarder les sites précieux de la vallée du M'zab et de mettre fin aux destructions tous azimuts et intentionnelles du patrimoine culturel ? Peut-elle s'opposer à ces institutions qui ignorent les valeurs d'un patrimoine mondial et les textes qui les régissent ? Peut-elle braver des habitudes ancestrales en interdisant les constructions illicites sur le lit de l'oued et sur les kefs ? La vallée du M'zab est classée, c'est notre fierté. Elle appartient au patrimoine national et mondial, c'est aussi notre fierté. Mais étant donné que sa sauvegarde est inscrite comme une tâche prioritaire dans les archives de l'Unesco, ses sites traditionnels ne doivent-ils pas bénéficier d'une grande et parfaite attention de la part des plus hautes autorités ? Chaque jour qui passe voit la naissance d'un ouvrage ou d'une habitation construite parfois illicitement et sans le moindre permis de construction, et ce, au détriment d'un vestige historique qui s'étend aux k'sours qui sombrent peu à peu dans la négligence et la mort. Pourtant, personne n'a le droit de nier que cette mort-là, c'est aussi la mort de tout un patrimoine culturel et touristique des palmeraies du M'zab et d'un équilibre écologique difficilement acquis dans notre vaste désert.


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