En ce lieu, le 27 décembre 1994, ont livré leur vie par amour et fidélité : Christian Chessel, Jean Chevillard, Charles Deckers et Alain Dieulangard. » Une plaque en marbre avait, ainsi, figé depuis dix ans les noms des quatre Pères Blancs assassinés dans leur demeure, un jour d'hiver à Tizi Ouzou. En hommage aux quatre martyrs, une cérémonie eucharistique a été célébrée, jeudi dernier, sur les lieux mêmes où le crime a été perpétré, en présence de l'archevêque d'Alger Mgr Teissier, des familles des victimes ainsi que de nombreux amis et citoyens ayant connu et aimé les quatre religieux. Les orateurs qui se sont succédé ont apporté, tous, leur témoignage sur le parcours fait de don de soi, d'amitié et de sacrifices des quatre Pères que la terreur et l'intolérance avaient ravis aux leurs. « Le père Deckers avait rejoint l'Algérie en 1956 à l'âge de 28 ans. Après l'indépendance, lui qui était Belge, avait opté pour la nationalité algérienne, par amour de ce pays et pour servir son peuple », se rappellera M. Asli, ancien élève de l'institut des Pères Blancs. Intervenant, les familles des pères assassinés ont insisté sur les qualités et l'œuvre des pères défunts. « Par l'hommage que vous rendez ici même, vos témoignages émus sur nos frères sont la preuve qu'ils ont réussi à semer l'amour et l'amitié parmi vous. Quelque chose vient de germer », dira la sœur du père Jean Chevillard, en s'adressant aux présents. Emu et les yeux en larmes, Mgr Teissier dira, en remerciant ceux qui ont veillé à tenir cet hommage (l'association Tussna notamment), que « les quatre Pères avaient toujours espoir et confiance en l'avenir de l'Algérie malgré les durs moments vécus ». Cet hommage fut aussi l'occasion pour annoncer la création prochaine de la Fondation Charles Deckers par les anciens élèves de l'institut des Pères Blancs de Tizi Ouzou. Dénommée El Mâaouna (l'entraide), cette fondation sera « un prolongement de l'association à caractère social créée en 1956 au foyer des jeunes de Tizi Ouzou par le père Deckers ». El Mâaouna visera, comme voulu par ses fondateurs anciens élèves de l'institut des Pères Blancs de Tizi Ouzou, « à venir en aide aux nécessiteux, aux malades, aux pauvres, aux démunis et aux exclus » et à perpétuer la mission humaniste des quatre religieux fauchés par le terrorisme. A signaler enfin que durant la journée de jeudi un recueillement au cimetière chrétien a eu lieu, en présence de nombreux amis des Pères Blancs et de l'ambassadeur d'Italie. Hier vendredi, l'archevêque d'Alger, Mgr Teissier, a présidé une messe en présence des ambassadeurs de Belgique et de France.