Les habitants de Hidoussa, un village situé à environ 30 km du chef-lieu de la commune de Tadmaït, vivent dans l'isolement total. Perché sur les hauteurs du mont Sidi Ali Bounab, le village Hidoussa est, avec les sept hameaux qui le composent, l'un des villages les plus éloignés de Tadmaït. En plus de l'éloignement géographique, les habitants de ce village coupé du monde, souffrent de multiples problèmes qui rendent encore plus difficile leur quotidien fait de privations de tous genres qui ont transformé leur vie en un véritable calvaire. Une situation qui a contraint plusieurs villageois à quitter leurs terres pour venir s'installer en ville à la recherche de meilleures conditions de vie pour eux et pour leurs enfants, laissant tout derrière eux la mort dans l'âme. Selon un ex-habitant de ce village, ce dernier comptait par le passé plus 1500 habitants, mais il n'en reste actuellement qu'environ quelque 400 âmes. Les villageois qui y vivent encore, et à défaut d'avoir les moyens financiers pour acheter une maison en ville, continuent de lutter contre les conditions intenables qui rythment leur vie quotidienne, nous a déclaré aussi cet ex-habitant de Hidoussa qui a fui les lieux en compagnie de sa famille au milieu des années 1990. Le nombre d'écoliers, qui ne cesse de diminuer, est le meilleur exemple de cet exode qui a vidé Hidoussa de plusieurs centaines de ses habitants, comme c'est le cas d'ailleurs dans plusieurs autres villages de la Kabylie. Parmi les aléas de la vie auxquels ces villageois doivent faire face au quotidien, l'insécurité qui règne sur les lieux en raison de la situation sécuritaire précaire que traverse notre pays depuis maintenant presque deux décennies. Depuis les années 1990, les gens de Hidoussa ont pris l'habitude de vivre avec la présence des terroristes qui traversent leur village souvent soit pour rejoindre leurs grottes, soit pour se rendre dans les autres villages environnants, nous dit cet interlocuteur qui a à maintes fois croisé des terroristes dans le village. En plus de la présence des terroristes aux abords de leur village, les habitants sont obligés de supporter les bombardements des forces de sécurité avec la peur d'être atteints par des bombes que les militaires lancent lors des pilonnages que subit le mont Sidi Ali Bounab assez souvent, témoigne-t-il. Le manque chronique d'eau potable, qui ne coule, selon notre interlocuteur, qu'une fois par mois dans les robinets, figure aussi parmi les contraintes de leur quotidien. Et pour assurer leur alimentation en eau potable, les villageois continuent à s'approvisionner dans les fontaines du village avec les risques qui pèsent sur leur santé si l'eau, non contrôlée, de ces fontaines venait à être contaminée, indique ce dernier. En plus du manque d'eau, les habitants de Hidoussa et de ses sept hameaux continuent à utiliser le gaz butane et le bois pour se réchauffer en hiver et pour la cuisine, en attendant, à l'instar de beaucoup d'autres villages, le raccordement de leur village au réseau du gaz de ville. L'état défectueux des routes et des ruelles du village fait aussi partie des difficultés rencontrées par les villageois, surtout lors de la période hivernale où ces routes se dégradent sensiblement en raison des pluies, ce qui perturbe la circulation de ces derniers, nous dit notre interlocuteur. En plus de ces problèmes récurrents, les habitants de Hidoussa, et en particulier la frange juvénile, souffrent de l'absence de lieux de loisirs qui leur permettraient de fuir la monotonie et le chômage qui ronge les jeunes livrés à la léthargie et l'oisiveté. Cependant, les nouveaux plans communaux de développement destinés aux villages contribueront peut-être à améliorer les conditions de vie des villageois et encourageront ces derniers à rester dans leurs villages et ainsi limiter l'exode rural qui est en train de vider les villages de leurs habitants. Ils préserveront par conséquent le milieu urbain de la prolifération des bidonvilles qui sont en train, à leur tour, de ruraliser les villes et qui sont aussi la source de plusieurs fléaux sociaux.