Cinquante ans après l'indépendance, dans le pays producteur de gaz, l'hiver est une saison dure, âpre, rude, où les enfants grelottent dans leurs foyers et à l'école. A lire les chiffres donnés par les pouvoirs publics, on pourrait penser que quand viennent les rigueurs de l'hiver, personne en Algérie ne s'en soucie, car étant bien approvisionné en gaz propane en zone urbaine et en gaz butane en zone rurale. Malheureusement, la réalité est tout autre. Ici et là-bas, les petits Algériens et les moins petits tremblent de froid. Comme on le sait, deux mamelles fournissent à l'Europe de quoi se chauffer et de quoi faire bouillir la marmite. Certes, on est en droit de croire que c'est payé rubis sur l'ongle, mais qui en profite réellement ? En tous les cas, pas tous les Algériens ; puisque, pour ne s'en tenir qu'à ce combustible, ce n'est pas vraiment la joie. Beaucoup de citoyens mènent carrément une vie primitive, comme au nord de la wilaya de Mila ou à Souk Ahras, dans les Aurès, et bien d'autres régions encore où des familles se chauffent encore au bois, au charbon et même... à la bouse de vache ! En même temps, les SDF meurent de froid dans le silence et dans l'anonymat, comme à Sétif, à Batna, etc. Dans les agglomérations reculées, les bonbonnes sont introuvables, donc la spéculation fait rage et le prix de l'unité prend son envol. Ceux qui passent leur nuit bien au chaud, leur arrivent-ils de penser à ceux qui la passent accroupis et transis de froid ?