De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'absence de gaz naturel dans la majorité des foyers de la wilaya de Tizi Ouzou renseigne sur le niveau de sous-développement de cette région, pourtant situés dans un pays, l'Algérie, qui compte parmi les premiers pays exportateurs au monde de ce combustible recherché en vain, surtout en hiver, par les montagnards kabyles qui grelottent dans leur foyer à l'architecture semi-moderne, souvent non équipé en moyens traditionnels de chauffage. Pis, dans des villages éloignés (des localités déshéritées), l'«électricité rurale» n'a pas encore touché toutes les maisons. L'inexistence du réseau du gaz de ville dans des zones destinées à l'extension industrielle est citée dans les rapports établis par les autorités pour justifier l'absence d'implantation de projets de développement d'envergure, situation qui expliquerait, selon ces responsables, le manque d'engouement de la part d'investisseurs locaux qui préfèrent aller fructifier leur capital ailleurs qu'en Kabylie. L'hiver met à nu chaque année la gestion des collectivités locales et de wilaya des problèmes élémentaires des habitants qu'on calme avec des chiffres à réaliser «à moyen et long terme», selon les indications du moment en matière d'atteinte à l'ordre public. Les taux d'avancement et de concrétisation des projets ne dépassent pas en général le dixième au terme du premier délai de livraison du chantier en question et place alors aux délais successifs de prorogation de la date de sa réception. On fait des promesses pressantes là où ça dégénère avant de transférer quelque temps après les mesures promises là où la situation s'est embrasée davantage. C'est aussi dans les nombreuses communes de montagne de la wilaya de Tizi Ouzou que le gaz de ville fait le plus défaut. Beaucoup de villages des daïras de Aïn El Hammam, Larbaa Nath Irathen, Ath Yanni et Ath Ouacif, les plus exposés au froid et au gel de la saison ne sont pas encore raccordés. Une commune comme Illilten, au pied de la montagne du Djurdjura, ne voit toujours pas le gaz arriver. Les enfants, quand ils peuvent quitter la maison couverte de neige, tremblent sur les bancs d'école et décident parfois de rebrousser chemin ou sont renvoyés par la direction d'école pour manque de chauffage. Dans ces régions, les habitants ont recours, quand ils ont les moyens, au bois ou à l'électricité pour se chauffer. Des moyens qui ne sont pas à la portée de la majorité des concernés en raison des tarifs élevés du bois (de 7 à 9 000 DA la benne de tracteur) et une facture salée de la Sonelgaz. A une période de l'hiver en cours, la bouteille de gaz butane a été cédée à pas moins de 300 DA dans des villages de la daïra de Ath Douala. Concrètement, le taux de raccordement au gaz de ville, actuellement d'environ 25%, pourrait connaître un bond en avant à la fin de l'année 2009 pour atteindre les 60% de couverture globale, selon les dires d'un cadre de la direction des mines et de l'industrie (DMI) de Tizi-Ouzou lors d'un point de presse tenu vers la fin de l'année dernière. Trois «importants» programmes seraient en voie d'être lancés incessamment pour atteindre cet objectif. Cela pour le volet théorique, car dans les faits les choses ne vont pas se passer comme annoncé en grande pompe, sachant que les autorités locales cachent le retard dans la réalisation derrière les éternels «contraintes» du relief accidenté et des oppositions d'habitants au passage sur leur terrain des canalisations de gaz. Parce que, quand on prétend gérer des directions et une wilaya, il est du devoir et de la responsabilité de chacun de trouver une issue au problème posé surtout lorsque celui-ci perdure. Cela dit, des travaux de raccordement au gaz connaissent déjà des retards alors que des village de la commune de Tadmaït, privés de ce combustible, menacent de recourir à l'action après l'alimentation ces mois-ci de villages mitoyens dépendant de la commune de Draa Ben Khedda. A rappeler que le taux de raccordement en gaz de la wilaya de Tizi-Ouzou était de 9,7% en 1999 avant d'atteindre environ 25% en 2007 (52 066 foyers alimentés).