Le hall d'expositions du restaurant universitaire, au centre de Chlef, a abrité, du 30 décembre au 1er janvier, « La Fête de l'Orange » qui en est à sa troisième édition après une longue hibernation. La cérémonie d'ouverture s'est déroulée en présence des autorités locales et de nombreux invités. La manifestation, qui a été organisée par l'association des agrumiculteurs en collaboration avec les services de la DSA, a regroupé une vingtaine de producteurs de la plaine du Cheliff. Elle a été principalement axée sur une exposition - vente des variétés d'agrumes de saison, telles que l'orange Thomson et Washington et la Clémentine. Une aubaine pour les consommateurs qui ont pu s'offrir le kilo à 30 DA au lieu de 100 DA dans le commerce de détail de la région. Cette édition a suscité un vif intérêt auprès de tous les participants et visiteurs qui ont pris d'assaut les stands des exposants. Pour la saison prochaine, la manifestation devrait prendre une autre dimension avec des activités culturelles et sportives et des rencontres sur le volet technique. Jusqu'ici, elle a plutôt servi à remettre sur les rails une ancienne tradition et à rassembler les agrumiculteurs concernés. La Fête de l'Orange a été aussi l'occasion pour les fellahs et les différents intervenants dans le secteur de discuter de tous les aspects qui entravent leurs activités sur les plans, notamment, de la production et de la commercialisation. C'est le cas, par exemple, des dysfonctionnements récurrents qui caractérisent le circuit de distribution de ce fruit très prisé sur le marché. Le diktat des intermédiaires Des intermédiaires imposent leur diktat en la matière, allant jusqu'à accaparer la totalité de la production dès la floraison des vergers. La marchandise qu'ils achètent sur pied est distribuée au « compte-gouttes » afin de maintenir les prix pratiqués. Certains expliquent cette « mainmise » par la faiblesse de la production qui, à leurs yeux, n'est pas suffisante pour couvrir les besoins du marché. La superficie agrumicole, qui est de 5 784 hectares, représente 24% de la surface arboricole fruitière globale. Selon les explications des organisateurs, 784 hectares ne produisent pas encore car ils sont constitués essentiellement de jeunes plantations ayant remplacé les anciens arbres devenus improductifs. Si la superficie exploitée est plus ou moins égale à celle des années fastes, elle reste néanmoins très « stérile » en raison du vieillissement des plantations dont certaines dépassent allègrement la moyenne d'âge de 55 ans. C'est le grand défi que tentent de relever les professionnels du secteur, en particulier les fellahs exerçant à titre privé. Ceux de l'exploitation des héritiers de feu Aderrahmane Boutiba, par exemple, ont déjà commencé le renouvellement de leurs vergers sur la plaine d'Ard El Beida, près de Chlef. L'opération, selon les gérants, qui a touché une partie des 170 hectares récupérés en 2000 après la restitution des terres à leurs propriétaires, a déjà produit les résultats escomptés autant sur le plan quantitatif que qualitatif. Cependant, nos interlocuteurs évoquent des contraintes qui empêcheraient l'introduction de nouvelles variétés à cause du monopole exercé sur les porte-greffes d'agrumes. « Qu'on nous laisse importer nous-mêmes nos porte-greffes », clamera l'un d'eux. Quant à l'autre exploitant, Mohamed Habbar, il préconise un véritable travail d'assainissement du patrimoine afin, dit-il, de redonner la terre à ceux qui la travaillent réellement. Allusion sans doute à certaines EAC et EAI qui ont laissé « périr les vergers et refusent même de réanimer ce qu'il en reste ». D'autres fellahs ont soulevé le problème de l'eau qui bloque, selon eux, l'extension des surfaces agrumicoles.