La baisse des taux d'intérêt pour l'investissement et l'immobilier décidée par les banques publiques reste en deçà des attentes formulées par les opérateurs économiques, du moins pour ceux affiliés au Forum des chefs d'entreprises (FCE). Même à 5,5%, « le crédit reste toujours cher », selon le président du FCE, Omar Ramdane, qui espérait plutôt le voir descendre en deçà de la barre des 5%. Plusieurs éléments sont mis en avant par l'opérateur économique pour étayer ses dires. Pour lui, il y a, de par le monde, une règle qui fixe le niveau du taux d'intérêt. Il s'agit de « la règle : TR +1 (TR : taux de réescompte) ». « Le taux de réescompte pratiqué actuellement par la Banque d'Algérie est de l'ordre de 4% ; si on lui ajoute 1 point, cela fait 5%. Si on se remet à cette règle, nos banques publiques doivent appliquer un taux d'intérêt maximum de 5% et non pas 5,5%, voire 6%, avant la baisse. » L'autre élément avancé par le patron du FCE est la rémunération des bons de caisse qui est actuellement de l'ordre de 2,5%. Ce qui est, selon lui, « très avantageux » pour les banques. « Ces dernières prennent 3% de marge par rapport au niveau du taux de réescompte », souligne Omar Ramdane. « Les conditions d'octroi de crédits représentent toujours un frein à l'investissement en Algérie », renchérit-il en citant comme exemple le nombre important de projets qui stagnent actuellement à l'Agence nationale de développement des investissements (ANDI). Du côté de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), les arguments avancés par le premier responsable du FCE ne sont pas tout à fait justes. Pour Abderahmane Benkhalfa, secrétaire général de l'ABEF, la règle universelle qui prévaut en matière de fixation du niveau du taux d'intérêt, ce sont le coût des ressources et la marge. Dans le cas de l'Algérie, affirme-t-il, « le coût des ressources est rémunéré à hauteur de 3,5% à 4% et, dans certains cas, la marge peut représenter à elle seule 50% du coût des ressources ». S'agissant de la rémunération des bons de caisse, il indiquera qu'« elle est de 2,5% pour une période de 6 mois seulement, mais pour les longues durées, elle coûte cher ». Les banques publiques s'apprêtent à investir, note M. Benkhalfa, d'importants moyens financiers pour la modernisation de leurs équipements. « Elles doivent amortir les coûts de cette modernisation », explique-t-il. En somme, pour l'ABEF, la baisse d'un demi-point sur les taux de crédits à l'investissement et à l'immobilier « est très louable », et 5,5% est « un taux compétitif et presque universel ».