Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a invité hier le Forum des chefs d'entreprise (FCE) à participer à la prochaine tripartite (gouvernement-UGTA-patronat privé) qui aura lieu, selon lui, fin janvier ou au plus tard début février. C'est à l'occasion de la rencontre entre le chef du gouvernement et le FCE, une association de chefs d'entreprises publiques et privées tenue hier au Palais du gouvernement, que cette invitation a été exprimée après une discussion de plus de deux heures autour des questions économiques du pays. « La tripartite verra le lancement d'un pacte économique et social », a affirmé Ahmed Ouyahia à l'adresse du FCE qu'il a ainsi invité à se joindre aux autres acteurs de la scène économique et sociale en vue de voir « comment mettre les énergies et moyens pour une vision commune ». Le Forum des chefs d'entreprise a, par la voix de son président Omar Ramdane, tenu, à l'ouverture des travaux, à souligner : « On n'a aucune revendication ou de demande à vous formuler. » Omar Ramdane a, comme à l'accoutumée, tenu néanmoins à brosser le tableau peu reluisant dans lequel évolue l'entreprise algérienne. Au cours de cet échange de vues auquel les deux parties se sont jointes, il ressort que l'un comme l'autre disposent d'approches pour le moins divergentes. Le président du FCE n'a pas manqué de souligner, après avoir suivi le développement fait par Ouyahia, sa divergence de vue sur la question des crédits bancaires et sur celle de la mise à niveau. Dans son exposé de la situation, le forum a évoqué trois contraintes majeures qui, selon lui, « freinent l'investissement ». Il y va des conditions d'octroi des crédits, du foncier et du secteur informel qui prend de plus en plus d'ampleur. « Pour nous, l'informel est la préoccupation première », a souligné le président du FCE qui considère qu'« il est en train d'aspirer l'économie légale ». En matière de mise à niveau des entreprises, il a clairement affirmé que, pour épargner le sort de la disparition des entités économiques algériennes, « l'Etat doit mettre la main à la poche ». Mais ce n'est pas tout, car un autre facteur freinant l'investissement, toujours selon lui, réside dans la facilité des crédits. Omar Ramdane considère qu'il en est ainsi des 30% d'apports en fonds propres que les banques exigent des investisseurs, mais aussi des taux d'intérêts pratiqués par les banques primaires. Le FCE propose que le taux de réescompte soit « baissé » tandis que le prix lié à l'investissement se situe, quant à lui, à hauteur de 4,5 et 5% au lieu de 6% actuellement. Pour sa part, le chef du gouvernement qui, lui, s'est situé sur une autre grille d'analyse, a invité le FCE à mieux saisir les opportunités d'affaires qu'offre le cadre macro-économique du pays et les opportunités d'investissement qui restent ouvertes au privé national. Tout en rappelant les agrégats économiques et financiers de l'économie nationale, où il a affirmé qu'une croissance d'un taux de 5,8%, pour l'année 2004, se confirme. M. Ouyahia a annoncé sur que le montant de 50 milliards dollars sur cinq ans du programme d'investissement public, quelque 20 milliards sont allés au privé national et étranger et en IDE (investissement direct étranger). « Dans quelque temps, le programme quinquennal sera complètement affiché », a-t-il dit à l'adresse du FCE, l'incitant ainsi à prendre sa part de marché. « Le marché algérien, ce sont 8000 à 9000 milliards $ d'affaires », a-t-il affirmé. Le FCE, selon son président, pèse quelque « 445 milliards de dinars de chiffre d'affaires, compte 80 adhérents pour 200 entreprises (publiques et privées) et employant 94 000 travailleurs ». Il est à noter, par ailleurs, que sont membres du FCE les entreprises publiques comme Saïdal, Air Algérie, SNVI et autres gros mastodontes du secteur public. Pour Ouyahia, le FCE offre une représentativité de quelque « 15% du chiffre d'affaires national hors hydrocarbures et de quelque 50% (secteur public compris) du chiffre d'affaires de l'économie hors hydrocarbures. Ouyahia a tenu, par ailleurs, à dire que « la mise à niveau, c'est à l'entrepreneur de la mettre en branle ». Une manière de signifier une fin de non-recevoir à la demande du FCE, même s'il affirme la volonté de l'Etat d'aider les entreprises dans le cadre du management et de la formation. Répondant aux interpellations du FCE sur la nécessité de baisser les taux d'intérêt bancaires, Ouyahia a indiqué que le gouvernement est favorable à une telle démarche, mais qu'il ne peut en aucun cas dicter aux banques leurs politiques de gestion. Il soulignera, à ce propos, comme à celui des facilités de crédits que « le volume des créances douteuses que les banques publiques détiennent sur les entreprises publiques est inférieur aux créances douteuses provenant du secteur privé ». Selon lui, le montant des créances douteuses détenues sur le secteur public est établi à 190 milliards de dinars. Au sujet de l'accord d'association signé avec l'Union européenne (UE), le chef du gouvernement annoncera que sa ratification sera soumise à l'APN en mars prochain et, de ce fait, son entrée en vigueur interviendra deux années plus tard, soit en 2007.