Après avoir durci le ton, le géant gazier russe Gazprom espère retrouver à nouveau la partie ukrainienne autour d'une table de négociations. Ainsi, contre toute attente, Gazprom a appelé l'Ukraine à reprendre les conciliabules, alors que Kiev a averti samedi que le conflit du gaz qui l'oppose à la Russie risquait de provoquer de graves problèmes pour le transit du gaz russe vers l'Europe. Dans un communiqué diffusé par Gazprom, le vice-président de cette compagnie, Alexandre Medvedev, a déclaré que « depuis le 31 décembre, l'Ukraine refuse de négocier avec Gazprom et a recouru au siphonnage du gaz destiné aux consommateurs européens, en violation de ses obligations en tant que pays transitaire ». Et d'ajouter plus explicitement : « Nous appelons l'Ukraine à s'abstenir de ces actions illégales et à revenir à Moscou pour négocier, une fois pour toutes, une transaction sur la livraison de gaz qui sera acceptable pour les deux parties ». « Nous sommes prêts à les rencontrer immédiatement », a ajouté le porte-voix de Gazprom. Ce revirement imprévu dans la position russe peut promettre un « happy end » à la crise, alors que des experts estiment que la Russie entend gagner du temps pour rechercher de nouveaux itinéraires afin de contourner à l'avenir le territoire ukrainien. Pour ainsi dire, ce nouvel épisode de la crise gazière russo-ukrainienne va pousser Moscou à chercher de nouvelles voies d'acheminement de ses exportations d'énergie vers l'Europe, loin des traditionnelles frictions entre Etats de l'ex-URSS, son ancienne république satellite. Kiev est allée jusqu'à accuser les Russes de « ne pas livrer les quantités prévues à destination de leurs clients européens ». Ceci, en réponse à des charges émanant de responsables russes qui accusaient Kiev de « voler 35 millions de mètres cubes de gaz par jour ». Hier encore, Gazprom a fait savoir qu'elle fournissait les volumes nécessaires de gaz destiné à l'Europe, accusant une nouvelle fois l'Ukraine d'être responsable des baisses d'approvisionnement de ses clients européens. « Gazprom fournit du gaz à l'entrée du système de transport de gaz ukrainien en totale conformité avec le contrat de transit et avec les demandes des consommateurs européens », a déclaré un porte-parole de la compagnie, Sergueï Kouprianov. « La baisse de la pression à la sortie du système de transport de gaz ukrainien est due au non-respect par la partie ukrainienne de ses engagements », a-t-il dit. Il fait allusion aux baisses de livraisons de gaz russe constatées dans certains pays de l'Union européenne, à l'image de la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie. Gazprom a appelé hier l'Union européenne à surveiller le transit de gaz russe à travers l'Ukraine vers l'Europe et promis d'augmenter les volumes pour compenser les pertes en Ukraine. « Etant donné que les observateurs engagés par Gazprom n'ont pas accès aux systèmes de pression des stations de pompage en Ukraine, nous avons envoyé à la Commission européenne une lettre pour lui proposer de surveiller le transit des volumes de gaz à travers l'Ukraine », a déclaré le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, à la télévision russe. Gazprom a annoncé samedi qu'il allait déposer plainte auprès du tribunal d'arbitrage de Stockholm pour demander à la compagnie ukrainienne Naftogaz d'assurer le transit de gaz vers l'Europe.