Le suspens, continue dans le conflit gazier qui oppose la Russie et l'Ukraine. Le porte-parole de Gazprom, géant russe des hydrocarbures, a estimé, samedi, à 50/50 les probabilités que la Russie coupe le gaz à l'Ukraine le 1er janvier, si Kiev ne rembourse pas ses dettes à la Russie. En réponse à une question de journalistes russes souhaitant savoir si la Russie couperait ses livraisons de gaz à l'Ukraine ou si les deux parties trouveraient un accord de dernière minute, Sergei Kupriyanov n'a pas voulu trancher sur l'une des deux hypothèses. C'est du moins ce que rapporte la presse européenne. La presse russe, pour sa part, fait état de propos nettement moins agressifs. Selon les propos rapportés par Ria Novosti, le porte-parole de Gazprom aurait, par ailleurs, affirmé que "dans les jours qui restent", le géant gazier russe allait "tenter de trouver d'autres moyens de régler la question de la dette". Toujours selon le journal, Gazprom aurait proposé à Kiev de régler sa dette par le biais d'une avance pour le transit du gaz russe par le territoire ukrainien, dont le coût atteint 1,7 dollar par tranche de 100 kilomètres. S'agissant du prix du gaz pour l'Ukraine en 2009, sans donner de chiffres précis, Sergei Kupriyanov aurait néanmoins précisé que le prix serait supérieur à celui de 2008 (179,5 dollars pour mille mètres cubes). Selon Gazprom, quelles que soient les baisses de prix dans le secteur du pétrole et du gaz, l'Ukraine a bénéficié de prix inférieurs à ceux du marché pendant une période de transition. Le groupe fait, par ailleurs, observé que cela a été particulièrement le cas en 2008, le prix pour l'Europe étant de 400 dollars les mille mètres cubes. S'agissant des déclarations ukrainiennes sur un gaz à 100 dollars les mille mètres cubes en 2009, le porte-parle du géant gazier russe a mis Kiev au défi de trouver du gaz à ce prix dans le cadre du marché libre. "Notre position est simple, si vous estimez que le prix juste est 100 dollars, très bien, allez sur le marché et achetez", a-t-il conclu. Gazprom affirme que la société d'Etat ukrainienne Naftogaz lui doit quelque deux milliards de dollars pour les livraisons de gaz effectuées en novembre et décembre. Si l'on en croit ses propos, Kiev aurait averti Gazprom que l'Ukraine serait incapable d'honorer sa dette d'ici la fin de l'année. Actuellement, le géant gazier russe n'aurait perçu qu'un milliard de dollars sur les 2,4 dus par la partie ukrainienne, pour le gaz livré en septembre-octobre-novembre. Gazprom a prévenu, samedi, ses clients européens dans une lettre que le conflit gazier avec l'Ukraine, principal pays de transit pour le gaz russe, pourrait entraîner des perturbations dans les approvisionnements en gaz à destination de l'Europe. L'Ukraine pourrait utiliser le gazoduc qui traverse son territoire pour détourner le gaz naturel russe destiné aux consommateurs européens, et ce, même si le pays ne s'acquitte pas de sa dette de plusieurs milliards de dollars envers Gazprom d'ici au 1er janvier et si la Russie coupe ses approvisionnements, avait souligné un porte-parole de Gazprom. Cette mise en garde lancée par Gazprom va probablement déconcerter les pays européens qui craignent une répétition du scénario de janvier 2006 marqué par des pénuries d'approvisionnements sur fond de conflit en matière de prix entre Moscou et Kiev. L'Union européenne (UE) importe 57% de son gaz naturel. 41% de ces importations proviennent de Russie.