De l'avis des spécialistes en surfaces finies, le gilet pare-balles du Président algérien sera bientôt trop petit, et cela n'a rien à voir avec un hypothétique assassinat sur sa personne. Non, Abdelaziz Bouteflika vient de recevoir une nouvelle médaille par l'Unesco pour l'ensemble de son œuvre. Parallèlement à cette cérémonie, une réunion de l'Unesco s'est tenue à Alger, à l'issue de laquelle l'Algérie a ratifié une convention sur « la sauvegarde du patrimoine immatériel », selon l'intitulé officiel. Qu'est- ce que c'est ? C'est ce qui rassemble les choses de l'esprit collectif, comme par exemple les musiques ou les langues et les pratiques culturelles en général. Il est intéressant de voir que l'Algérie a été la première à signer la convention alors que les musiques sont largement piratées ici, tout comme les langues ancestrales superbement ignorées. Quant aux pratiques culturelles, il faut se demander si la pratique de la tchipa est un patrimoine immatériel ou matériel. A l'inverse, La Casbah constitue du patrimoine matériel, même si elle est en voie de dématérialisation. A l'inverse de l'inverse, le GIA serait, lui, classé patrimoine immatériel puisque annoncé dissous, contrairement au GSPC, toujours actif, qui serait, lui, classé patrimoine matériel. Parce que si le premier fera très mal à la mémoire (immatérielle) après l'amnistie, le second fait mal physiquement puisqu'il cause encore des pertes (matérielles). Pourquoi signer ? Parce que l'Algérie officielle adore les conventions internationales, parce qu'il y a internationales dedans. Elle sait très bien qu'elle n'a pas fait grand-chose pour l'immatériel et le matériel, la langue amazighe étant toujours considérée comme arme de guerre et La Casbah comme une auberge folklorique pour touristes terroristes. Il est tellement plus facile de signer des papiers que de lire ce qu'il y a dedans.