Des policiers turcs, enquêtant sur le groupe putschiste présumé Ergenekon ont découvert, vendredi, près d'Ankara, une cache d'armes contenant notamment des lance-roquettes antichar, ont rapporté les médias. Sur la base d'un croquis découvert lors d'une perquisition chez un ancien dirigeant du bureau des opérations spéciales de la police, Ibrahim Sahin, arrêté mercredi, les policiers menaient, depuis jeudi soir, des recherches dans une zone boisée proche du bourg de Gölbasi, a affirmé l'agence Anatolie. Les agents, équipés d'appareils de détection des métaux et secondés par des chiens renifleurs, ont exhumé vendredi deux lance-roquettes antichar, dix grenades et un nombre important de munitions pour des armes de différents calibres, selon Anatolie. La chaîne de télévision CNN-Türk a rapporté que l'arsenal contenait également de l'explosif de type plastic et a ajouté que les armes étaient, selon les premiers éléments de l'enquête, enterrées depuis cinq à six mois. Neuf pistolets de marque Glock ont également été trouvés aux domiciles de M. Sahin à Istanbul et Ankara, selon la chaîne. M. Sahin était l'un des protagonistes d'un vaste scandale survenu en 1996, qui avait dévoilé des liens entre des membres des forces de sécurité, des politiciens et des criminels. La police turque a interpellé mercredi plus de 30 personnes, dont des généraux à la retraite, dans le cadre de l'enquête sur le groupe « Ergenekon », accusé d'avoir voulu déstabiliser le pays avec des actions violentes afin de préparer le terrain à un coup d'Etat militaire qui renverserait le gouvernement issu de la mouvance islamiste. L'opération a été vivement critiquée par l'opposition et par différentes figures de la société civile, affirmant que l'enquête était devenue un instrument du gouvernement pour museler l'opposition. Les arrestations ont donné lieu, jeudi, a une série de rencontres imprévues au sommet de l'Etat, dont une entre le Premier ministre, Receep Tayyip Erdogan et le chef d'état-major, le général Ilker Basbug qui, selon un communiqué de l'armée, a « fait part (...) de ses opinions et remarques au sujet des événements survenus » la veille. Les principaux commandants de l'armée, qui a démis quatre gouvernements élus au cours des cinquante dernières années, avaient eu une réunion de six heures mercredi soir, après les arrestations. Vendredi, le ministre de la Justice, Mehmet Ali Sahin, a appelé au respect du travail des juges. La puissante organisation patronale Tüsiad a, pour sa part, affiché dans un communiqué sa « confiance » dans l'impartialité des juges et souligné que « dans une société démocratique, tous les agents de l'Etat (...) devaient répondre de leurs actes ». En octobre a débuté le procès de 86 personnes — des officiers à la retraite, des journalistes, des hommes politiques, des figures de la pègre — accusées d'appartenir au réseau. Une trentaine d'autres prévenus, dont l'ancien chef de la gendarmerie Sener Eruygur, ont été arrêtés ultérieurement, mais n'ont pas encore été inclus dans l'acte d'accusation. La Cour de cassation a ordonné, en décembre, le rattachement au procès « Ergenekon » d'un attentat visant le Conseil d'Etat, au cours duquel un juge avait été tué et quatre autres blessés en février 2007.